Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 47 )

Dans tous les carrefours mon peuple en ses goguettes
M’habille, sans égards, de sales épithètes,
Et des noms qu’il me donne en ses vertes chansons,
J entends autour de moi tinter les derniers sons ;
Enfin, c’est pour toi seul, éternel moraliste,
Que j’ai de la pudeur abandonné la piste ;
Et laissé faisander ma réputation
Qui, comme baume, avant flairait dans le canton.
À qui me laisse-tu dans cet exil funeste,
Cher hôte, d’un époux seul titre qui me reste ?
Est-ce pour voir mes murs par mon frère abattus,
Ou mes appas captifs par Iarbe foutus ?
Si du moins, si mon con eût pour son droit d’aubaine
De ton vit exotique obtenu quelque graine ;
Si tu m’avais laissé pour jouer dans ma cour,
Avant de me quitter, un fruit de notre amour,
Qui me rendît tes traits si chers à ma pensée,
Je ne me croirais pas tout-à-fait délaissée.

Elle dit ; à ces mots mon bougre en vrai couard,