Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 49 )

Vous me verriez encore, ô rives du Scamandre ;
Ma main, de Troye éteinte, eut ranimé la cendre,
Et malgré Ménélas, victorieux cocu,
J’eusse aux murs de Priam rétabli le vaincu.
Mais le dieu de Grynée aux rives italiques
M’ordonne de porter mes errantes reliques ;
C’est la patrie enfin promise à mes neveux.
Si les murs de Carthage ont su borner vos vœux,
Si ce bord vous retient, vous de Tyr citoyenne,
Le troyen ne peut-il sur l’ausonique plaine
Fixer, après sept ans, ses lares incertains,
Et chercher comme vous des empires lointains ?
Peur moi, soit que la nuit tende ses sombres toiles,
Soit que l’astre du jour éclipse les étoiles,
L’ombre d’un père mort m’effraie et me poursuit ;
L’intérêt de mon fils à son tour me séduit.
L’Hespérie est un bien dévolu sur sa tête,
Dont il ne reste plus qu’à faire la conquête.
Cet empire brillant que lui promet le sort,
Lui doit appartenir par la loi du plus fort ;
On ne me verra point imprudent sacrilège,
Attenter à ses droits, enfin, vous le dirai-je ?