Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 55 )

Mais va, supplie encor ; le cruel, je le sais,
Fit de toi l’entrepôt de ses plus chers pensers,
Tu connais de son cœur la plus sure avenue,
De ses égards pour toi tu connais l’étendue ;
Didon n’eut que son vit ; mais Anne a ses respects ;
Va le trouver, ma sœur, unie avec les grecs
Je n’ai point envoyé mes flottes à Pergame ;
Mes mains dans Ilion non point porté la flamme,
Ni de son père mort prophanant les tombeaux,
Éparpillé sa cendre ou dispersés ses os ;
Eh ! pourquoi l’infidèle aux cris de ma misère
Serait-il sans pitié ? Le sort, le sort contraire
M’offriroit-il toujours quand je les veux toucher,
Des vits de cire, ô ciel ! et des cœurs de rocher ?
Qu’il m’écoute ! Il peut bien me rendre la pareille,
Et mon con ne lui fit jamais la sourde oreille.
Qu’il diffère du moins ; qu’il attende, pour fuir,
Le sommeil de l’autan, le réveil du zéphir.
Je ne demande plus qu’il me trousse et me foute,
Je saurai m’en passer, ma sœur, coute que coute ;
Non, je n’exige pas que son vit vagabond,
Ce vit qui m’était cher, et qui me fait faux bon,