Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/59

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Renonce aux cons latins qu’il va trahir encore ;
Ce n’est qu’un vain délai que mon amour implore :
Le tems d’accoutumer dans ces nouveaux malheurs,
Ma triste motte au jeune, et mon ame aux douleurs.
De ce dernier effort, d’une faveur si chere,
Ma mort sera bientôt le terme et le salaire[1].
Ainsi priait Didon : sa sœur d’un zèle ami
Porte l’humble supplique au superbe ennemi ;
Mais de ses vains soupirs l’infidèle se joue ;
Contre sa cruauté leur éloquence échoue,
Rien ne peut l’émouvoir ; couvert d’un triple acier,
Son cœur est devenu le cœur d’un financier.
Près des monts Appenins tel on voit un vieux chêne
Sur qui des aquilons la fureur se déchaîne,

  1. Plusieurs commentateurs changent cumulatum en cumulatam ; ce qui donne un sens tout contraire, car par-là Didon annoncerait à sa sœur qu’elle va, par une prompte mort, la laisser bientôt son héritière ; ce qui implique contradiction avec le soin qu’elle prend de lui cacher son dessein funeste.