Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/73

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Nuit, sombre déité des putains, des filoux,
Qu’invoquent les amans, que craignent les jaloux ;
Vous, filles de l’enfer, horribles Euménides,
Qui poursuivez, le crime et les amans perfides ;
Oyez la voix d’Élise à ses derniers instans,
Et de vos fouets vengeurs frappez les inconstans.
S’il faut qu’un scélérat qui méritoit la corde
Au rivage promis sans se noyer aborde,
Si Jupin en son chef ainsi l’a résolu,
Et si tel est du sort le décret absolu ;
Qu’il n’y trouve du moins qu’une ingrate patrie,
Vaincu, s’il y combat ; cocu, s’il s’y marie ;
Qu’il aime une maîtresse et qu’il en soit haï,
Qu’il croie à des amis et qu’il en soit trahi,
Ou s’il en est encor voués à son service,
Qu’égorgés à leurs yeux, leur mort soit son supplice ;
Éperdu, l’ame en transe et l’esprit hors des gonds,
Qu’il cherche des secours et trouve des affronts,
Et lorsqu’il aura su, rampant avec adresse,
S’élever jusqu’au trône à force de bassesse,
Qu’alors la mort s’offrant à son œil étonné,
Frappe son front superbe à peine couronné.