Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/82

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Et frappant tes sujets quand tu te sacrifies,
Ta mort est l’éteignoir du flambeau de nos vies.
C’est assez pérorer, finissons mon caquet,
Pour laver sa blessure apportez le baquet ;
Si sur sa bouche encor erre un souffle posthume,
Que ma bouche du moins le recueille et le hume. »

Elle dit, et d’un saut franchissant les degrés
Fait voir de son con gris les remparts délabrés ;
Elle prend dans ses bras la mourante princesse,
Contre son flasque sein la réchauffe, la presse,
Et choisissant un pan de son casaquin blanc,
De la large blessure elle étanche le sang.
La reine cependant sur son grabat gissante
Veut lever, mais envain, sa paupière pesante,
Sa défaillance trompe un inutile effort,
Son gosier a redit le râle de la mort.
De funèbres couleurs sa tête qui se plombe,
Par trois fois se soulève, et par trois fois retombe,
Et tournant vers le ciel un œil qui s’obscurcit,
Elle y cherche le jour, l’y retrouve, et gémit.