Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/101

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l’autre dans le cercle des parents, et on lui demanda si elle acceptait l’homme valeureux.

Un pudique embarras de jeune fille l’arrêta d’abord toute confuse. Mais pour la félicité et la joie de Siegfrid, elle ne le repoussa pas longtemps. Il la prit aussi pour femme, le noble roi du Nîderlant.

Il était fiancé à la vierge et elle à lui. Siegfrid prît doucement dans ses bras la charmante enfant. Puis il embrassa la noble princesse devant rassemblée des héros.

Alors ceux-ci se partagèrent en deux groupes. En face de l’hôte, on voyait assis Siegfrid et Kriemhilt. Maint homme vaillant le servait. Les Nibelungen accompagnaient Siegfrid.

De l’autre côté étaient assis le roi et Brunhilt la vierge. Quand elle vit Kriemhilt à côté de Siegfrid (jamais elle n’eut tant de peine), elle se prit à pleurer. Le long de ses blanches joues, on voyait tomber des larmes.

Le chef du pays lui dit : — « Qu’y a-t-il, ma femme, que vous laissiez obscurcir ainsi le brillant éclat de vos yeux. Il faut vous réjouir plutôt. Mon pays, mes burgs, tous mes vaillants hommes vous sont soumis. »

— « Ah ! plutôt je veux pleurer, répondit la belle vierge : c’est pour votre sœur que j’ai ainsi le cœur marri. Je la vois assise à côté de votre homme-lige, et il me faut pleurer de la voir à ce point abaissée. »

Le roi Gunther reprit : — « Gardez le silence. En un autre moment je vous raconterai pourquoi j’ai donné ma sœur à Siegfrid. Ah ! qu’elle puisse toujours vivre heureuse avec ce héros. »

— « Je le regretterai sans cesse, reprit-elle, à cause de sa beauté et de ses vertus. Si je savais où aller, je fuirais volontiers, et plus jamais je ne serais assise à vos côtés