Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/105

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drale, où l’on chantait la messe. Le seigneur Siegfrid s’y rendit également. La foule s’y pressait très nombreuse.

Là ils reçurent les honneurs royaux qui leur revenaient, la couronne et le manteau. Quand ils eurent été bénis tous les quatre, on admira leur belle prestance, la couronne en tête.

Apprenez qu’un grand nombre de guerriers, six cents ou même davantage, reçurent l’épée ce jour-là en l’honneur du roi. Il y eut grande réjouissance dans le pays des Burgondes ; on entendait retentir les lances aux mains des nouveaux chevaliers.

Les belles vierges étaient assises aux fenêtres. Elles regardaient briller au loin les boucliers éclatants ; mais le roi se tenait écarté de ses hommes. Quoi qu’on fit, on le voyait marcher pensif et triste.

L’humeur de Siegfrid et celle de Gunther étaient bien différentes. Le noble chevalier savait bien ce qui tourmentait le roi. Il s’avança vers lui et lui demanda : « Que vous est-il donc arrivé ? Faites-le moi connaître. »

Gunther répondit à son hôte : — « Avec cette femme j’ai introduit dans ma demeure la honte et le malheur. Quand j’ai voulu lui parler d’amour, aussitôt elle m’a lié fort et ferme. Puis, me traînant, elle m’a suspendu haut et court à un clou fiché dans le mur.

« J’y demeurai plein d’angoisses toute la nuit. Ce ne fut qu’au jour qu’elle me délia. Et elle, elle était là mollement couchée ! Je te le dis en secret, comme à un ami fidèle. » Le fort Siegfrid répondit : — « Vraiment, j’en suis aflligé ;

« Mais je t’en rendrai maître. Cesse de fomenter ta colère. Je ferai en sorte que cette nuit elle soit couchée