Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/150

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liait les pattes et la gueule de l’ours. Dès qu’ils virent l’animal, les chiens se mirent à aboyer à grand bruit. La bête voulait retourner au bois, ce qui effraya les gens.

Le vacarme fit fuir l’ours vers la cuisine. Oh ! comme il chassa les cuisiniers loin du feu ! Plus d’un chaudron fut renversé, plus d’un brandon dispersé. Ah ! quels bons mets on trouva jetés dans les cendres !

Les chefs et leurs hommes sautèrent de leur siège. L’ours commença de s’irriter. Le roi ordonna de lâcher toute la meute, qui était attachée par des cordes. C’eût été un jour de grand plaisir, s’il avait bien fini !

Sans tarder davantage, avec des arcs et des piques, les plus rapides coururent à la poursuite de l’ours. Il y avait tant de chiens que nul n’osait tirer. Les cris des gens faisaient retentir toute la montagne.

L’ours se mit à fuir devant les chiens. Nul ne pouvait le suivre, si ce n’est l’époux de Kriemhilt, qui l’atteignit l’épée à la main et le frappa à mort. On rapporta le monstre auprès du feu.

Ceux qui voyaient cela, disaient que c’était un homme bien fort. On pria les fiers compagnons de chasse de se rendre à table ; sur une belle pelouse ils étaient assis très nombreux. Ah ! quels mets de chevalier on servit à ces braves chasseurs.

Les échansons, qui devaient apporter le vin, venaient lentement. Du reste, les héros ne pouvaient être mieux servis ; s’ils n’avaient point caché une âme si déloyale, ces guerriers eussent été à l’abri de toute honte.

Le seigneur Siegfrid parla : — « Je m’étonne que, puisqu’on nous apporte tant de mets de la cuisine, les échansons ne nous offrent pas de vin. Si on ne sert pas