vers vous jusqu’en ce pays. Pour obtenir votre affection, il a fait partir maints bons guerriers.
« Il vous offre un tendre amour sans nul mélange d’amertume et il est prêt à vous vouer un constant attachement, comme celui qu’il voua à Helche, qui lui tenait tant au cœur. Le regret des vertus de sa femme a souvent attristé ses jours. »
La reine répondit : — « Margrave Ruedigêr, qui connaîtrait ma poignante affliction, certes ne me presserait pas d’aimer encore un autre homme. J’ai perdu un époux plus grand que femme n’en obtint jamais. »
— « Qu’est-ce qui peut consoler de la douleur, reprit le guerrier très hardi, si ce n’est un tendre amour, quand on peut s’y livrer et qu’on peut choisir quelqu’un qui arrive à votre cœur ? Pour tirer votre âme de sa désolation, rien ne vous serait plus salutaire.
« Et si vous consentez à aimer mon noble seigneur, vous aurez en votre puissance trente riches couronnes, et mon maître y ajoutera trente pays de princes que son bras très puissant a su conquérir.
« Et vous deviendriez aussi la souveraine d’un grand nombre d’hommes qui étaient soumis à ma maîtresse Helche et de maintes femmes de race royale, sur lesquelles elle avait puissance. » Voilà ce que dit le fier et brave chevalier.
« Si vous consentez à porter la couronne à ses côtés, mon seigneur vous donnera encore — c’est ce qu’il me charge de vous dire — l’autorité souveraine possédée par Helche. Vous en jouirez avec plein pouvoir sur les hommes d’Etzel. »
La reine parla : — « Comment mon âme pourrait-elle