Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/192

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désirer l’alliance de ce héros ? La mort m’a frappée d’un coup si cruel, que j’en dois souffrir jusqu’à mon dernier jour. »

Les Hiunen reprirent : — « reine puissante, votre existence auprès d’Etzel sera si magnifique que, si nos vœux se réalisent, votre bonheur sera complet ; car le puissant roi a tant de guerriers superbes !

« Les jeunes filles de Helche et vos vierges ne formeront ensemble qu’une même troupe gracieuse, qui réjouira le cœur des chevaliers. Dame, suivez notre conseil ; vous vous en trouverez bien. »

Elle dit avec courtoisie : — « Abandonnons ce discours jusqu’à demain matin : alors vous reviendrez et je répondrai au sujet de ce qui vous tient si fort à cœur. » Ils durent suivre sa volonté, ces guerriers bons et vaillants.

Quand ils furent tous rentrés en leur logement, la noble dame fit appeler Gîselher et sa mère. Elle dit à tous les deux qu’il lui seyait de pleurer et rien de plus.

Son frère Gîselher prit la parole : — « Ma sœur, on me dit et je veux bien le croire, que le roi Etzel adoucira toutes tes douleurs, si tu le prends pour époux, et quoi qu’on puisse te conseiller, il me semble que tu ferais bien d’y consentir.

— « Certes, il pourra te consoler, ajouta Gîselher. Du Roten[1] jusqu’au Rhin, de l’Elbe jusqu’à la mer, nul roi n’est aussi puissant, et tu peux le réjouir grandement s’il te choisit pour femme. »

Elle répondit : — « Frère chéri, comment peux-tu me donner ce conseil ? Pleurer et gémir, voilà ce qui me con-

  1. Le Rhône.