Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/194

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chemin pour retourner vers leur pays étant bien long. Ruedigêr fut introduit auprès de Kriemhilt.

Le héros se mit à supplier avec grande douceur la noble reine, afin qu’elle fit savoir ce qu’elle voulait répondre au roi Etzel. Il ne trouva chez elle que résistance.

Elle ne voulait plus jamais s’attacher à un autre homme. Le margrave répondit : — « Oh ! comme ce serait mal agir ! Comment voulez-vous laisser dépérir un si beau corps, tandis que vous pouvez devenir avec honneur la femme d’un excellent homme ?

Leurs prières ne servirent de rien, jusqu’à ce que Ruedigêr eût dit secrètement à la noble princesse : — « Il vous vengera du mal que vous avez souffert. » Sa grande souffrance commença de s’adoucir un peu.

Il dit à la reine : — « Cessez de gémir. Quand, chez les Hiunen, vous n’auriez que moi, mes parents dévoués et mes fidèles, si quelqu’un vous avait offensée, il aurait à le payer chèrement. »

L’affliction de Kriemhilt fut diminuée par ce propos. Elle dit : — « Jurez-moi donc par serment que, quoi qu’on me fasse, vous serez le premier à venger mon offense. » Le margrave répondit : — « Je suis prêt à le faire, ô dame. »

Alors Ruedigêr et tous ses hommes lui jurèrent de la servir toujours fidèlement et lui promirent que les magnanimes guerriers du pays d’Etzel ne lui refuseraient jamais rien de ce que pourrait réclamer son honneur. La main de Ruedigêr confirma ses paroles.

La femme fidèle pensait : — « Si je puis me faire tant d’amis, je laisserai les gens dire de moi, femme infortunée, tout ce qu’ils voudront. Que m’importe, si je puis venger encore la mort de mon époux bien-aimé ! »