Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/216

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noble femme, et elle lui était comme sa propre chair. L’illustre reine se prit à penser à ses ennemis,

Et elle dît au roi : — « Mon cher seigneur, je voudrais vous prier, si Je le puis faire avec soumission et si j’ai mérité cette faveur, que vous me fassiez voir que vous avez réellement de l’attachement pour mes amis. »

Le puissant roi parla ; son âme était loyale : — « J’accède à votre demande. Je me réjouis de tout ce qui arrive d’heureux à ces guerriers. Car jamais, par l’affection d’une femme, je n’ai acquis d’aussi excellents amis. »

La reine répondit : — « Oui vous l’avez très bien dit ; j’ai beaucoup d’illustres parents. C’est pourquoi je m’afflige de ce qu’ils consentent si rarement à me visiter en ce pays. J’entends les gens m’appeler exilée. »

Le roi Etzel répondit : — « ma femme très chérie, si cela ne leur paraissait pas trop loin, j’inviterais volontiers de par delà le Rhin vers ce pays, ceux que vous voudriez voir. » La dame se réjouit de ce que sa volonté allait s’accomplir.

Elle dit : — « Si vous voulez me montrer de la confiance, mon cher seigneur, vous enverrez des messagers à Worms au delà du Rhin, et je ferai savoir à mes amis le désir qui me tient au cœur. Ainsi maints bons et nobles chevaliers se rendront en ce pays. »

Il reprit : — « Tout ce que vous commanderez se fera. Vous ne pouvez désirer voir vos amis, les enfants de la noble Uote, plus vivement que moi-même. Il me peine fortement qu’ils nous soient si longtemps demeurés étrangers.

« Si cela vous plaît, ma femme bien-aimée, j’enverrai avec plaisir vers vos amis, au pays des Burgondes, mes