Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne portera aucune arme dans la salle. Vous, héros, vous me les remettrez. Je les ferai bien garder. » — « Par ma foi, dit Hagene, il n’en sera point ainsi.

« Non, douce fille de roi, je ne désire point cet honneur, que vous portiez au logis mon bouclier et les autres pièces de mon armure. Aussi vrai que vous êtes une reine, mon père ne m’apprit pas cela. Je veux être mon propre camérier ! »

— « Hélas ! ô douleur ! dit dame Kriemhilt, pourquoi mon frère et Hagene ne veulent-ils pas donner à garder leurs boucliers ? Ils sont prévenus. Si je savais qui l’a fait, je le vouerais à la mort. »

À ces mots, le seigneur Dietrîch répondit avec colère : — « C’est moi qui ai averti ces riches et nobles princes et l’audacieux Hagene, le guerrier burgonde. Mais, femme de l’enfer, vous ne m’en ferez pas porter la peine. »

La femme d’Etzel fut saisie de confusion. Elle craignait grandement Dietrîch. Elle le quitta aussitôt sans dire un mot ; mais elle lança sur ses ennemis des regards furieux.

En ce moment, deux guerriers se prirent par la main. L’un était le seigneur Dietrîch et l’autre Hagene. Le héros très magnanime parla courtoisement : — « Votre arrivée chez les Hiunen m’afflige véritablement,

« Parce que la reine vous a parlé de la sorte. » Hagene de Troneje répondit : — « Nous aviserons à tout cela. » Ils s’avancèrent chevauchant côte à côte, ces deux hommes vaillants. Ce que voyant, le roi Etzel se prit à interroger :

« Je voudrais bien savoir, dit le roi très puissant, quel est le chef que le sire Dietrîch a reçu là si amicalement. Il