Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voie mes amis marcher le heaume en tête ? Sur ma foi, cela m’afflige. Quelqu’un vous a-t-il offensés ?

« J’en ferai amende honorable de la façon qui vous paraîtra bonne. Quelqu’un vous a-t-il affligé le cœur ou l’âme, je lui ferai bien sentir que j’en ai grand regret ! Quoi que vous demandiez, je suis prêt à vous l’accorder ! »

Hagene répondit à ces paroles : — « Nul ne nous a rien fait. Mais c’est la coutume de mes maîtres de rester à toutes les fêtes, armés durant trois jours. Si l’on nous faisait quelque offense, nous en avertirions Etzel. »

Kriemhilt entendit très bien ce que dit Hagene. Comme elle le regarda haineusement dans les yeux ! Pourtant elle ne voulut pas dire quelle était la coutume de son pays, quoiqu’elle l’eût connue si longtemps parmi les Burgondes.

Quelque furieuse et quelque violente que fût sa haine contre ces héros, si quelqu’un eût dit la vérité à Etzel, il aurait pu empêcher ce qui arriva depuis, mais par trop grand orgueil nul ne voulait la lui avouer.

Une grande foule accompagnait la reine, et nos deux compagnons ne voulurent pas céder la place de la largeur de deux mains ; cela peina les Hiunen. Elle fut forcée de froisser en passant les guerriers très valeureux.

Cela ne plut pas aux camériers d’Etzel. Ils auraient provoqué la fureur des deux héros, s’ils l’avaient osé devant le noble roi. On se pressa beaucoup dans la foule, mais il n’y eut rien de plus.

Quand le service divin fut terminé et qu’on voulut partir, un grand nombre de Hiunen arrivèrent à cheval. A côté de Kriemhilt on voyait maintes belles vierges, et au moins sept mille chevaliers chevauchaient près de la reine.