Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/300

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Quand Hagene de Troneje vit la porte si bien gardée, il jeta son bouclier sur l’épaule, le vaillant et illustre guerrier. Puis il se mit à tirer vengeance du mal qu’on leur avait fait. Alors ses ennemis perdirent tout espoir de conserver l’existence.

Quand le seigneur de Vérone vit que Hagene, le fort, brisait tant de casques, il sauta sur son banc, le roi des Amelungen, et s’écria : — « Oui, Hagene verse la plus déplorable des boissons. »

Le souverain du pays avait de grands soucis, il n’en pouvait être autrement — ah ! que d’amis chéris furent tués sous ses yeux — et lui-même échappa, à grand’peine, à ses ennemis. Il était assis là plein d’angoisses : à quoi lui servait d’être roi ?

Kriemhilt, la riche, appela Dietrîch : — « Venez à mon aide, noble chevalier, sauvez-moi la vie au nom de tous les princes du pays des Amelungen, car si Hagene m’atteint, je serai tuée à l’instant. »

— « Comment vous aiderais-je ici, dit le seigneur Dietrîch, ô noble reine ? Je veille pour moi-même ! Les hommes de Gunther sont si animés de fureur, qu’en ce moment je ne puis sauver personne. »

— « Oh ! si vraiment, sir Dietrîch, noble et bon chevalier, montrez aujourd’hui votre vertu et votre courage, en m’aidant à sortir d’ici, ou bien j’y trouverai la mort. La crainte de ce danger m’oppresse. Oui ! ma vie est en danger ! »

— « Je veux bien essayer si je puis vous être de quelque secours ; car de longtemps je n’ai vu tant de vaillants chevaliers si furieux. Oui, je vois sous les coups d’épée le sang jaillir à travers les casques ! »