Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/307

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l’abandonnent maintenant dans cette rude extrémité. Honte à jamais sur eux ! »

Les meilleurs d’entre eux pensaient : — « Il nous dit la vérité. » Mais nul ne fut plus profondément blessé au cœur que Irinc, le héros du Tenelant. Et bientôt on en fit l’expérience.

XXXV. COMMENT IRINC FUT TUÉ

Irinc, le margrave du Tenemark, s’écria : « — J’ai longtemps cherché la gloire et je me suis vaillamment conduit dans maintes batailles entre peuples divers ; qu’on m’apporte mes armes : je veux lutter contre Hagene. »

— « Je ne vous le conseille pas, lui cria Hagene ; faites, au contraire, reculer les guerriers Hiunen ; car si deux ou trois d’entre vous pénètrent dans la salle, je les jetterai à terre du haut des degrés, assez mal portants. »

— « Ce que tu dis ne m’arrêtera pas, dit Irinc peu intimidé ; j’ai tenté des entreprises plus périlleuses : avec mon épée seule je veux te combattre. À quoi te servira la forfanterie qui a éclaté dans tes paroles ? »

Le brave Irinc fut bientôt armé, ainsi que Irnfrit de Düringen, un vaillant jeune homme, et le fort Hâwart, avec mille hommes au moins. Ils étaient prêts à soutenir Irinc dans son entreprise.

Le ménestrel vit approcher une grande troupe, qui s’avançait bien armée avec Irinc. Ils portaient, fortement attachés, maints bons boucliers. Le hardi Volkêr en fut animé de colère :

— « Vois-tu, ami Hagene, s’avancer Irinc, qui promit de lutter contre toi avec sa seule épée ? Est-ce qu’il est