Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/332

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illustres chefs, jamais ma main ne vous touchera dans le combat, quand même vous tueriez tous ceux du pays burgonde. »

À ces mots, le bon Ruedigêr s’inclina courtoisement. On pleurait de toutes parts, c’était pour tous une peine extrême que nul ne pouvait détourner cette pénible lutte avec Ruedigêr. Le père de toute vertu allait mourir.

Du haut du palais, Volkêr le ménestrel parla : — « Puisque mon compagnon Hagene a fait trêve avec vous, mon bras aussi vous respectera fidèlement. Ah ! vous l’avez bien mérité, quand nous sommes arrivés en votre pays.

« Très noble margrave, vous porterez pour moi ce message. La margrave m’a donné ces bracelets d’or rouge, pour m’en parer à cette fête. Vous les pouvez voir vous-même à mon bras et en témoigner. »

— « Plût à Dieu tout-puissant, dit alors Ruedigêr, que la margrave vous eût encore donné davantage. Soyez certain que je remplirai votre message auprès de ma femme bien-aimée, si jamais je la revois. »

Quand il lui eut fait cette promesse, Ruedigêr leva son bouclier. Son âme s’enflamma, et, sans tarder plus longtemps, il se jeta sur les étrangers en vaillant guerrier. Le puissant margrave porta maints coups rapides.

Tous deux, Volkêr et Hagene, se tinrent sur les plus hauts degrés, ainsi que l’avaient promis ces deux bonnes épées. Mais Ruedigêr trouva devant la porte tant de vaillants combattants, qu’il commença la lutte avec grands soucis.

Gunther et Gêrnôt, dans un dessein meurtrier, le laissèrent pénétrer dans la salle. Ils avaient des sentiments