Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un Burgonde sentit la colère s’emparer de lui. La mort du noble Ruedigêr en fut hâtée.

Le vaillant Gêrnôt interpela le héros ; il dit au margrave : — « Vous ne voulez pas laisser échapper un seul de mes hommes, très noble Ruedigêr. Cela me contriste démesurément ; je ne puis le supporter plus longtemps.

« Puisque vous m’avez enlevé un si grand nombre de mes amis, votre présent pourra vous causer du dommage. Tournez-vous de mon côté, homme très noble et très brave ; je veux, du mieux que je pourrai, mériter le don que vous m’avez fait. »

Avant que le margrave parvint jusqu’à lui, plus d’une cotte de mailles fut teinte de sang. Ils s’élancèrent l’un vers l’autre, ces deux hommes avides de gloire. Chacun d’eux parait les coups terribles qui lui étaient destinés.

Mais leurs épées étaient si tranchantes que rien ne pouvait les arrêter. Ruedigêr, le bon chevalier, atteignit Gêrnôt à travers son casque dur comme un roc, et le sang coula à flots. Mais cet excellent et valeureux guerrier le lui rendit avec usure.

Il brandit haut en ses mains l’épée qu’il avait reçue de Ruedigêr, et quoique blessé à mort, il en porta un coup si terrible que, traversant l’épais bouclier, elle tomba sur la visière du casque. L’époux de Gœtelint devait en mourir.

Non, jamais don plus magnifique ne reçut pire récompense. Tous deux frappés réciproquement par la main l’un de l’autre, Gêrnôt et Ruedigêr, tombèrent dans la mêlée. Quand il vit cette terrible catastrophe, la colère s’empara de Hagene.

Le héros de Troneje parla : — « Un affreux malheur nous est arrivé. Nous avons fait en ces hommes une si