Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/342

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corderai tellement les cordes de votre instrument, que vous ne vous en vanterez pas lors de votre retour aux bords du Rhin. Je ne puis, sans déshonneur, supporter votre arrogance. »

Le ménestrel reprit : — « Si vous troublez les douces harmonies de mes cordes, sous ma main, votre casque brillant perdra tout son éclat, n’importe comment je m’en retournerai au pays des Burgondes. »

Wolfhart voulait s’élancer sur lui ; mais Hildebrant, son oncle, ne le lui permît pas et le retint fortement : — « Je crois que tu veux te livrer à ta colère inconsidérée de jeune homme, et tu perdrais ainsi pour toujours la faveur de notre seigneur. »

— « Lâchez le lion, maître ; sa fureur est au comble, dit Volkêr, la bonne épée. Mais s’il tombe sous ma main, quand son bras aurait dompté l’univers entier, je lui donnerai un coup qui lui coupera toute réplique à l’avenir. »

L’âme du héros de Vérone s’enflamma de fureur. Wolfhart, ce bon et rapide guerrier, brandit son bouclier et, comme un lion, se jeta en avant. Tous ses amis le suivirent à l’instant.

Quelque prodigieux que fussent ses bonds vers les murs de la salle, le vieux Hildebrant arriva d’abord sur les degrés ; il ne voulut point le laisser engager avant lui le combat. Ils trouvèrent bientôt dans les étrangers les adversaires qu’ils cherchaient.

Maître Hildebrant bondit vers Hagene. On entendit les épées retentir aux mains de ces deux héros. Ils étaient animés d’une grande rage, qui éclatait à tous les yeux. Un vent rouge de feu jaillissait de leurs épées.

Ils furent séparés dans la violence du combat par la