Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/354

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entre ses mains le plus vaillant guerrier qui jamais porta l’épée. Après de si amères souffrances, la joie de la reine fut vive.

De plaisir elle s’inclina devant le noble prince : — « Sois toujours heureux en ton corps et en ton âme. Tu me consoles grandement dans ma détresse. Je serai toujours prête à t’obliger. »

Le seigneur Dietrîch prit la parole ; — « Il faut le laisser vivre, noble reine, et il se peut qu’un jour il répare tout le mal qu’il vous a fait. Il ne faut point qu’il pâtisse de ce que je vous l’ai livré les mains liées. »

Elle fit amener Hagene, pour son malheur, dans une prison, où nul ne put voir le prisonnier enfermé. Gunther, le noble roi, se prit à crier : — « Où donc est allé le héros de Vérone ? Il m’a rudement affligé. »

Le seigneur Dietrîch alla à sa rencontre. La force de Gunther était vraiment digne de louange. Il n’attendit pas plus longtemps ; il se précipita hors de la salle. Un grand fracas se fit au choc de leurs deux épées.

Quoique la valeur du seigneur Dietrîch fût haut prisée depuis longtemps, Gunther était tellement animé par la colère et le ressentiment, et ses longues souffrances l’avaient si fortement irrité contre son adversaire, que ce fut merveille que le seigneur Dietrîch en réchappât.

Le courage et la force de tous deux étaient grands. Le palais et les tours retentirent des coups qu’ils assénaient, sur leurs bons casques avec leurs terribles épées. Vraiment le roi Gunther avait un noble courage.

Pourtant le prince de Vérone le vainquit, ainsi qu’il avait vaincu Hagene ; on voyait couler le sang à travers la cotte de mailles, par suite d’un coup de la puissante