Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/355

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épée que parfait le seigneur Dietrîch. Pourtant, après tant de fatigues, l’illustre Gunther s’était glorieusement défendu.

Ce chef fut lié par la main de Dietrîch d’un nœud si fort, que jamais roi n’en subira plus de pareil. Il craignait que, s’il eût laissé libres le roi et son homme-lige, ils n’eussent tué tous ceux qu’ils auraient rencontrés.

Dietrîch de Vérone le prit par la main et le mena garrotté devant Kriemhilt. Elle s’écria : — « Soyez le bienvenu, Gunther, vous, le héros du pays burgonde. » — « Que Dieu vous récompense, Kriemhilt, si vous m’adressez ces paroles avec sincérité, » dit Gunther.

« Je m’inclinerais devant vous, ô ma sœur très chérie, si vos salutations étaient faites par affection ; mais je sais, reine, que vous êtes de si sanguinaire humeur, que vous ne ferez à Hagene et à moi que de très funestes saluts. »

Le héros de Vérone prit la parole : — « Femme du très noble roi, jamais prisonniers ne furent si bons chevaliers que ceux que je vous ai remis aujourd’hui, ô illustre dame. Maintenant, par égard pour moi, tous ménagerez ces étrangers. »

Elle répondit qu’elle le ferait volontiers. Alors, les yeux en pleurs, le seigneur Dietrîch s’éloigna de ces glorieux héros. Elle se vengea épouvantablement, la femme d’Etzel. Elle enleva la vie à ces deux guerriers d’élite.

Pour les tourmenter, elle les fit enfermer séparément, et depuis lors ils ne se revirent plus, jusqu’au moment où elle porta à Hagene la tête de son frère. La vengeance que Kriemhilt exerça sur ces deux guerriers fut vraiment complète !

La reine alla trouver Hagene et parla avec haine au