Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/92

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de Brunhilt. Hélas ! malheureuse fille que j’étais d’être jamais venue en ce monde. »

L’intrépide chevalier parla : — « Accordez-moi le don du messager. Ô belle femme, vous pleurez sans motif. Je l’ai laissé hors de tout péril, voilà ce que je voulais vous apprendre. Il m’a envoyé avec celle nouvelle vers vous deux.

« Avec sa tendre affection, ô très noble reine, il vous offre ses services, lui et sa fiancée. Ainsi cessez de pleurer. Ils seront bientôt arrivés. » Depuis longtemps elle n’avait appris si douce nouvelle.

Avec une étoffe blanche comme neige, elle essuya les larmes de ses beaux yeux. Puis elle se prit à remercier le messager des nouvelles qu’il avait apportées ; elles la consolaient de ses tourments et de ses pleurs.

Elle pria le messager de s’asseoir ; il y était tout disposé, et la femme digne d’amour lui dit : — « Ce serait sans regret que pour votre message je vous donnerais tout mon or. Vous êtes trop riche pour cela, mais je vous en demeurerai reconnaissante. »

— « Quand j’aurais à moi seul trente pays, dit-il, je recevrais encore avec plaisir des dons de votre main. » « Eh bien ! qu’il en soit fait ainsi, » dit la femme pleine de vertus. Et elle ordonna à son camérier d’aller quérir le don du messager.

Elle lui donna vingt-quatre anneaux, ornés de belles pierres, en récompense. Mais l’âme du héros était ainsi faite qu’il n’en voulut rien garder. Il les distribua aussitôt aux belles femmes qu’il trouva là dans les appartements.

Et la mère de Kriemhilt lui offrit également ses services avec beaucoup de bonté. — « Je vous dirai plus encore,