Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/22

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Louise la parcourut. Ses yeux se remplirent de larmes et un profond soupir s’exhala de sa poitrine oppressée.

— Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !… quitter Peyras et mes parents !… mais non, non… je ne veux pas, je ne veux pas… tu vas refuser tout de suite…

Elle sanglotait. Les enfants, voyant pleurer leur mère, s’étaient blottis contre elle, les yeux pleins de larmes aussi.

Jean se fit câlin et tendre pour tous.

— Allons, ma Louison, mon aimée, du courage, sois raisonnable !… Ne t’ai-je pas dit, bien souvent, que je ne pouvais rester adjoint toute ma vie ?… Le mieux est d’accepter ce poste de village ; d’ailleurs je ne puis faire autrement… impossible de refuser ; on ne m’écouterait pas… Puis, n’est-ce pas le sûr, le seul moyen de revenir plus tard… dans quelques années, comme directeur à Peyras ?

Louise pleurait silencieusement.

Paul et Rose lui grimpèrent sur les genoux, la caressant de leurs menottes en lui disant :

— Pleure pas, p’tite mère, pleure pas, mérette chérie…

— Hou ! hou ! le vilain papa, — s’écria soudain Paul, tapant du pied et avec une grimace si drôle que Louise et Jean sourirent aussitôt.

— Mes anges ! — fit Louise, en les serrant contre elle, passionnément. — Est-ce loin Maleval ? — interrogea-t-elle, plus calme.

— Non, à trois lieues de Montclapiers… Si tu y languis trop, tu pourras de temps à autre revenir à Peyras.

— Est-ce grand ?

— Trois cents habitants, je crois ; tu verras comme nous y vivrons tranquilles… Et puis, — s’empressa-t-il d’ajouter avec volubilité, voyant Louise prête à pleurer de nouveau, — et puis, tu sais, je serai enfin débarrassé des ennuis que j’ai avec le père Largue, depuis notre refroidissement… Il devenait par trop embêtant, l’animal, je l’avais constam-