Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/82

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Huit jours, quinze jours s’écoulèrent. Rien. Pourtant le ravissement et la belle confiance de Jean persistèrent.

— Bah ! — disait-il, — ça viendra. Une enquête discrète, ça demande du temps.

Et, ranimés par cette espoir, ils s’en leurrèrent, ils en vécurent jalousement. Qui a le rêve, a le bonheur. Jean n’avait jamais été aussi heureux que ces jours-là.

Une autre semaine encore. Une crainte vague ne tarde pas à naître, Jean attend fiévreusement le passage du piéton. Va-t-il lui apporter la bienheureuse lettre aux cinq cachets rouges, le message porteur de tranquillité ? Et, à chaque déconvenue, la crainte augmente, se précise et c’est dans le cœur de l’instituteur un à-coup douloureux, après la constriction de l’attente.

Enfin, il s’impatiente. Il écrit. Pas de réponse. L’idée qu’il a été dupé lui vient ; il la chasse ; elle l’obsède ; mais il n’ose se plaindre, il affecte, devant Louise, une gaieté qu’il n’a plus.

Puis, un jour, il trouve, dans le même journal, un entrefilet qui confirme ses soupçons et ruine ses espoirs. À la suite de plaintes nombreuses, M. X…, un filou, venait d’être arrêté. Bénévolement, le journal avertissait ses lecteurs de se méfier de certaines annonces, et, pour dégager sa responsabilité, citait les célèbres paroles : « La quatrième page est un mur, y affiche qui veut. » Il le prouvait uniment en insérant d’autres annonces de même sens à cette quatrième page, véritable nasse où vont se prendre tant de pauvres gens.