Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/113

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plus faciles : il suffit de se mettre au piano et d’improviser quelques mesures dépourvues de tout bon sens, qu’on décore du nom de leit-motif ; aussitôt ils tombent en pâmoison. Mais cette expérience n’est pas sans quelque danger ; car si par hasard ils s’en aperçoivent, ils peuvent vous sauter aux yeux.

Ce n’est donc pas pour eux que j’écris, non plus que pour l’admirateur rationnel, auquel je n’aurais rien à apprendre, mais pour l’intuitif et l’admirateur à restrictions ; ceux-là seuls peuvent trouver leur avantage à être guidés et à profiter de l’expérience d’un autre pour diriger leurs recherches avec une certaine méthode, seul moyen de ne rien négliger.

Il convient d’examiner d’abord la structure générale, les grandes lignes de l’œuvre.

Tous les grands ouvrages de Wagner sont divisés en trois actes[1] ; je n’ai vu nulle part la raison qui l’a porté à adopter cette division, dont le parti pris est évident, mais il me semble qu’elle est moins fatigante que celle en quatre ou cinq actes ; j’aime mieux deux longs entractes que quatre petits ; d’ailleurs cette coupe se trouve admirablement convenir à chacun des sujets traités par Wagner, ainsi qu’on peut s’en convaincre par la lecture des poèmes ou des brèves analyses qui suivent.

Les actes eux-mêmes ne sont plus divisés, comme dans l’opéra, en morceaux séparés, mais en scènes s’enchaînant entre elles sans solution de continuité, tellement que dans bien des cas il serait difficile de préciser, à quelques mesures près, où finit l’une, où commence l’autre. Sauf cette façon de tout relier par une trame orchestrale per-

  1. À la seule exception de Rienzi, qui a cinq actes, et affecte d’ailleurs la forme de l’opéra.