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LES MAÎTRES CHANTEURS

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Je crois bien faire en donnant moins d’extension à l’analyse du poème des Maîtres Chanteurs qu’à celles des drames, parce qu’ici, même pour une première audition, le spectateur a beaucoup moins besoin d’être renseigné.

C’est une comédie toute faite d’esprit et de tendresse émue ; et si l’ignorance de la langue allemande s’oppose à ce que l’on en comprenne les nombreux jeux de mots et les coq-à-l’âne, le caractère gai et enjoué de la musique, la mimique suggestive des acteurs en rend la compréhension presque aussi aisée que s’il s’agissait d’une simple pantomime.

L’essentiel est de bien saisir les caractères principaux : Sachs, c’est le type de la bonté, de la droiture, du bon sens ; Beckmesser, son antithèse, c’est le pédant ridicule et haineux ; Pogner trouve sublime l’idée de mettre sa fille au concours ; David est un gai compagnon, et Madeleine une brave servante ; Walther et Eva sont des amoureux, de nature avant tout poétique.

Les Maîtres Chanteurs en eux-mêmes ne sont nullement grotesques, parce qu’ils sont convaincus : ce sont de bons et honnêtes bourgeois qui se sont érigés en conservateurs de l’art du chant, et sont à cheval sur les règles traditionnelles, dont ils n’aiment pas qu’on s’écarte.

Tous leurs noms sont rigoureusement historiques, ainsi qu’il appert d’un écrit publié à Altdorf, en 1697, par J.-Christophe Wagenseil ; on y voit aussi que l’assemblée des Maîtres avait lieu, à l’issue de l’office de midi, en l’église Sainte-Catherine, aujourd’hui fermée. Les déno-