Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/170

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— À David ? s’écrie la nourrice stupéfaite, pensant à son promis à elle. — Oui, réplique Eva ; le roi David, non celui que l’on voit sur la bannière des Maîtres, mais le David peint par Dürer et représenté par le peintre, le glaive au côté, la fronde à la main, et la tête auréolée de boucles d’or. — Quiproquo compliqué, amusant à la scène.

Ce nom de David plusieurs fois répété a attiré l’attention de l’apprenti, qui va et vient, préparant la séance qui va avoir lieu d’ici un instant dans la sacristie même. À cette séance de présentation, on doit émanciper, nommer Maître, l’apprenti qui n’aura pas manqué aux règles de la tablature. — Le chevalier arrive donc à point pour subir l’épreuve, réplique Madeleine. — Elle confie le jeune gentilhomme à David pour que celui-ci l’initie. Il est lui-même l’élève de Hans Sachs, aussi bien comme cordonnier que comme chanteur, et étudie depuis longtemps dans l’espoir d’obtenir quelque jour la maîtrise : il renseignera donc parfaitement le chevalier sur les difficultés à vaincre pour le concours du lendemain et l’épreuve préparatoire qui va avoir lieu immédiatement. Et les deux femmes se retirent chez elles.

Scène ii. — Il s’agit d’abord, explique David, de gravir le premier échelon et obtenir ses lettres de franchise. Mais l’accolade de Maître Chanteur ne se gagne pas si promptement, et il y a auparavant plusieurs grades à conquérir. Il faut apprendre à connaître et à chanter sans hésitation les mélodies et les timbres pour devenir chanteur. Et David, dans une longue énumération, cite à Walther tous les titres, parfois burlesques, des modes avec lesquels il devra se familiariser : le bref, le long, le traînard, l’aubépin parfumé, la tortue, la tige de cannelle, le veau, la grenouille, le pélican fidèle, etc. Ensuite il lui faudra composer des paroles s’adaptant exactement à l’un des