Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’assemblée est maintenant au complet, Hans Sachs venant d’arriver ; l’un des Maîtres fait l’appel, ce qui donne lieu, dans le texte allemand, à une série de plaisanteries et de jeux de mots plus ou moins spirituels dont le sens échappe à la traduction.

Pogner alors prend la parole pour rappeler de quelle importance est la fête qui doit les réunir le lendemain, jour de la Saint-Jean. Des prix sont réservés aux vainqueurs du concours de chant, et lui, Pogner, voulant réagir contre la réputation d’avarice que l’on fait dans toute l’Allemagne à la bourgeoisie, voulant prouver qu’il ne met rien au-dessus de l’art, a décidé que ce qu’il offrirait comme prix au triomphateur, ce serait son trésor le plus précieux, sa fille unique, Eva, avec tout le bien constituant son avoir. Une seule restriction est faite à cet engagement : Eva sera libre de refuser le vainqueur s’il ne lui plaît pas ; mais elle ne pourra toutefois pas choisir un époux en dehors de la corporation des Maîtres Chanteurs.

Sur ce discours de Pogner, une foule de discussions s’élèvent, accompagnées des acclamations bruyantes des apprentis, heureux de manifester d’une façon tapageuse. Les uns approuvent l’orfèvre, d’autres critiquent son idée : parmi ceux-ci Beckmesser, qui, se croyant sûr de la victoire, sent combien cette condition dernière lui sera défavorable. Hans Sachs propose de joindre le jugement du peuple à celui des Maîtres, certain que, dans son simple bon sens, il saura donner de sages avis et se trouvera tout naturellement d’accord avec le sentiment de la jeune fille ; les apprentis applaudissent bruyamment à cette motion, mais plusieurs des Maîtres repoussent l’idée, ne voulant pas laisser le vulgaire s’immiscer dans leurs affaires. L’orfèvre ayant fait comprendre à Sachs combien de complications entraînerait cette nouvelle