Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/188

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de tristesses, ont glacé cet élan, refroidi ces ardeurs, celui qui n’est plus guidé par l’enthousiasme et par les illusions juvéniles ne saura rien créer s’il ne peut s’appuyer sur la science ; ceux qui se sont donné la peine de formuler, de grouper ces règles, ont été justement des hommes éprouvés par les misères de la vie et qui se sont rendu compte de la nécessité d’un tel soutien. Et Sachs, après une mélancolique allusion à son propre état d’âme, termine en engageant le jeune chevalier à commencer sans retard son travail ; il racontera son rêve, qui lui servira de base, de sujet, et son maître lui enseignera par quels procédés le mettre d’accord avec les règles des Maîtres Chanteurs, de façon à ce qu’il puisse être approuvé et couronné par eux.

Walther, dans une première strophe, chante d’abord, recueillant ses souvenirs, un merveilleux jardin parfumé des plus suaves senteurs et s’ouvrant à lui dans la clarté d’une aube éclatante.

À merveille, lui dit Sachs, qui l’engage à composer immédiatement la deuxième strophe, pour que la similitude soit parfaite. Walther continue, en un second couplet, à dépeindre le jardin enchanteur, puis, sur les conseils de son professeur, ajoute la conclusion, dans laquelle il célèbre une beauté radieuse qui s’offre à ses regards enivrés et le mène vers l’arbre de la vie. Sachs, ému de la poésie qui se dégage du premier bar[1], invite le jeune poète à en composer un deuxième, dans lequel Walther

  1. « Chaque chant de Maître ou Bar a sa mesure régulière… Un Bar comprend le plus souvent différentes strophes… Une strophe se compose ordinairement de deux Stollen qui se chantent sur la même mélodie. Un Stoll se compose d’un certain nombre de vers ; lorsqu’il est terminé, on l’indique par une croix. Vient ensuite l’Abgesang (l’envoi) ; il comprend aussi un certain nombre de vers, que toutefois l’on chante sur une autre mélodie. » (Wagenseil [1697].)