Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/215

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Brünnhilde, effrayée, affligée, ramasse tristement ses armes et se dirige vers la grotte où est son coursier Grane, en jetant un regard sur Siegmund et Sieglinde qui montent le ravin.

Scène iii. — Sieglinde, sourde aux paroles d’amour que lui murmure Siegmund, le conjure de fuir à présent ; elle ne veut plus se donner à celui qu’elle aime après avoir appartenu de force à un maître détesté.

Les accents lointains du cor et de la meute de Hunding la font tressaillir ; son ami ne pourra lutter contre tant d’adversaires, et son épée sera impuissante à le défendre. Folle de douleur et d’angoisse, entendant l’ennemi se rapprocher, elle croit voir, en son hallucination, son amant devenir la proie des dogues furieux, et, poussant un cri déchirant, elle s’évanouit. Siegmund l’étend avec précaution sur le sol et, mettant un baiser sur son front, il s’assied sur un tertre et place sur ses genoux la tête de sa bien-aimée.

Scène iv. — Pendant ce temps Brünnhilde s’avance, conduisant avec gravité son noble coursier. Elle se montre au guerrier et lui annonce qu’il est désigné pour périr dans le combat qui s’apprête ; elle n’apparaît qu’aux héros voués à la mort glorieuse : il doit se préparer à la suivre au Walhalla. Siegmund, méprisant le trépas, lui demande si, dans la demeure des dieux, il retrouvera sa Sieglinde adorée. — Non, lui répond Brünnhilde, ce sont les Walkyries qui lui verseront l’hydromel ; Sieglinde doit rester encore sur cette terre. — Le guerrier refuse alors les joies du séjour enchanté, s’il ne doit pas les partager avec sa compagne chérie ; il luttera sans crainte contre Hunding, grâce à l’arme invincible dont son père lui a annoncé le succès ; mais si celui-ci lui retire maintenant sa protection, s’il faut périr,