Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/231

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lui appartiendra tout entier, ils disparaissent au milieu des arbres et des rochers pour laisser place à Siegfried, qu’ils voient avec rage sortir de la caverne en considérant longuement la coiffure magique et l’anneau. Il s’arrête sous l’arbre, se demandant à quoi lui seront utiles ces joyaux qu’il n’a recueillis que sur l’avis de l’oiseau, dont il n’a pas compris exactement la portée, et qui lui rappellent seulement sa victoire, dans laquelle il n’a pas appris la peur.

Au milieu du silence, les murmures de la forêt reprennent, grandissent et montent en une adorable symphonie jusqu’à l’âme de l’adolescent, qui, en communion complète maintenant avec les voix mystérieuses de la nature, en perçoit pleinement le sens sublime et caché. Le chant de l’oiseau se fait de nouveau entendre pour l’instruire de la traîtrise de Mime : Siegfried n’aura qu’à écouter attentivement les paroles du gnome pour en comprendre le sens véritable. En effet, l’astucieux s’avance, méditant la trahison qui doit lui assurer la victoire si longuement convoitée ; son langage le trahit malgré lui, et ses paroles correspondent exactement avec ses vilains sentiments intimes, bien qu’il veuille les faire rassurantes et affectueuses : il a toujours haï l’enfant qui lui a été confié, mais il voulait s’en faire un instrument pour conquérir le trésor ; il lui présente maintenant, sous prétexte de le réconforter, un breuvage empoisonné, et lorsque sa victime sera couchée par terre, les membres raidis par la mort, il lui enlèvera enfin le talisman, objet de son ardent désir. Siegfried, indigné des odieux calculs du fourbe, brandit son épée et, le transperçant, l’étend à ses pieds ; puis il ramasse le corps et le jette dédaigneusement au fond de la caverne, devant laquelle il roule ensuite le cadavre du dragon ; ils garderont ainsi ensemble les richesses entassées dans l’antre.

Fatigué par tous ses exploits, le héros s’étend au pied