Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/263

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qu’elle a été chercher dans les régions les plus reculées de l’Arabie, pour adoucir les douleurs de l’infortuné Amfortas ; puis, cédant à la fatigue, elle se laisse tomber à terre et reste couchée, tandis qu’arrive le cortège de chevaliers et d’écuyers accompagnant la litière du roi, ce qui détourne d’elle l’attention des assistants.

Le malheureux prince, torturé sans répit par ses souffrances, implore du Ciel la mort ou la venue du Fou plein de compassion qui doit mettre un terme à son martyre ; il accepte toutefois des mains de Gurnemanz le baume apporté par Kundry et veut en remercier l’étrange créature ; mais elle, inquiète et agitée, fait peu d’accueil à la reconnaissance du roi. Amfortas ordonne à ses serviteurs de porter sa litière jusqu’au lac sacré, et le cortège s’éloigne, suivi tristement du regard par le respectable chevalier.

Les écuyers alors apostrophent Kundry méchamment, la traitant de magicienne et lui reprochant de fournir au roi des drogues nuisibles ; mais Gurnemanz prend sa défense et leur rappelle de quel dévouement, au contraire, elle fait preuve chaque fois qu’il s’agit de rendre service aux chevaliers du Graal, d’aller, prompte comme l’éclair, porter un message à ceux que leur mission retient dans les contrées lointaines.

Depuis longtemps déjà elle est connue au Montsalvat, et lorsque Titurel consacra le Burg, il la trouva endormie parmi les buissons de la forêt. C’est là toujours qu’on la découvre après chacune de ses longues absences inexpliquées, mais qui coïncident fatalement avec un nouveau malheur venant fondre sur les serviteurs du Graal. Pendant la dernière de ces absences a eu lieu le néfaste combat si funeste à Amfortas. Où errait-elle pendant ce temps et pourquoi elle, si dévouée habituellement, n’est-elle