Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/271

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sifal ! » L’innocent, se souvenant subitement que sa mère le nommait ainsi, s’arrête ému, tandis que les filles-fleurs s’éloignent à regret, sur l’injonction de la voix inconnue ; il se retourne lentement vers le bosquet qui s’est entr’ouvert, et y voit étendue sur un lit de fleurs une jeune femme d’une radieuse beauté, qui lui sourit et l’invite à s’approcher.

C’est Kundry, qui, transformée par les artifices du magicien et entièrement soumise maintenant à sa domination, va poursuivre ses perverses menées.

Pour mieux s’emparer du chaste adolescent que sa simplicité protège, elle fait d’abord vibrer en lui le sentiment de l’amour filial, le seul qui ait jamais eu accès dans son cœur pur ; elle lui raconte la tendresse d’Herzeleïde pour l’être fai ble auquel elle a donné le jour dans la solitude des bois ; sa sollicitude de chaque instant, ses alarmes sans nombre, puis son désespoir causé par la fuite de l’enfant ingrat, et enfin sa mort solitaire et cruelle quand elle eut perdu tout espoir de revoir son fils bien-aimé. Parsifal, à ce récit, manifeste la plus vive douleur et s’adresse à lui-même de véhéments reproches pour avoir oublié ainsi la plus douce des mères ; l’enchanteresse alors feint de vouloir le consoler ; elle l’enlace doucement et veut lui persuader que l’amour seul guérira ses remords. L’adolescent, tout à ses larmes, ne songe pas à résister, mais lorsque, se faisant plus pressante encore, elle imprime sur ses lèvres un long et ardent baiser, il se lève soudain, en proie à une indicible terreur, et porte la main à son cœur, où il semble ressentir une profonde douleur. Le souvenir d’Amfortas s’est présenté à sa pensée ; il revoit la cruelle blessure que rien ne peut guérir, la honte, l’humiliation, l’angoisse, le remords causés par la faute irrémédiable ; il revit la terrible Cène dont on l’a rendu