Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/45

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Il est prudent de retenir sa table d’avance au grand restaurant, sans quoi l’on risque de souper fort tard. La cuisine y est très soignée. On peut à volonté combiner un menu des plus raffinés… que l’on vous fait payer en conséquence, ou s’y réconforter d’une façon amplement suffisante pour un prix très raisonnable. Les artistes s’y donnent souvent rendez-vous, et il n’est pas rare, lorsque arrive après la représentation un des interprètes qui ont le plus charmé le public, de voir tout le monde se lever spontanément pour lui faire une chaude et bruyante ovation. Et cela d’autant plus volontiers que jamais ils ne viennent sur la scène recueillir les suffrages de leurs admirateurs. C’est une coutume établie par Wagner dès l’origine. Il était même, au début, sévèrement interdit d’applaudir à la fin de l’ouvrage, et les exécutions de l’Anneau, qui pendant la première année ont défrayé le programme des Fêtes, se terminaient dans un silence respectueux et ému, qui cadrait certes mieux avec l’impression poignante laissée par l’admirable scène finale, que de bruyantes démonstrations ; quelques regrettables infractions eurent pourtant lieu, l’enthousiasme se manifestant sous sa forme accoutumée, dont Wagner ne voulait pas, et qu’il eut beaucoup de peine à refréner. Il est toujours resté de tradition de ne pas applaudir à Parsifal, mais pour les autres œuvres le public a forcé la consigne : on ne peut empêcher ses bravos d’éclater à la fin des représentations ; il s’était même mis en tête, en 1896, dès la fin de la première série, de voir M. Richter, qui avait conduit d’une façon magistrale la Tétralogie. Pendant plus d’un quart d’heure des applaudissements frénétiques, des appels à faire crouler la salle, se sont fait entendre de toutes parts ; mais le vaillant et modeste artiste, fidèle à la chose établie, n’a pas cédé au vœu général, et est resté