Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/493

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se renouveler, la roche s’embraser ; elle pressent le retour de Siegfried, dont résonne déjà la fanfare du Fils des bois ; elle court à sa rencontre !… Soudain Le Pouvoir du casque se fait entendre froid comme un glas : Siegfried, coiffé du Tarnhelm, a pris la forme de Gunther ; elle ne peut le reconnaître.

Cette deuxième partie de la scène est une des plus pénibles que je connaisse au théâtre, et le mieux est de se raccrocher à l’intérêt purement musical pour supporter l’odieux spectacle du pur et héroïque Siegfried devenu traître à l’honneur et à l’amour, fût-ce par un subterfuge magique, comme aussi des violences auxquelles il se livre, dans cet état inconscient, envers la malheureuse et toujours aimante Walkyrie. Heureusement cela ne dure pas longtemps.

Dès l’arrivée de Siegfried-Gunther, Le Pouvoir du casque s’impose, aussitôt suivi de La Trahison par la magie ; Le Sort inexorable lui succède, mais c’est le motif des Gibichs qui accompagne la voix de Siegfried !… Le rythme souterrain du Travail de destruction des Nibelungs se fait entendre sourdement ; Brünnhilde tente en vain de résister par L’Anneau au brutal envahisseur : celui-ci y oppose La Malédiction de l’anneau, lutte avec elle, lui arrache la bague, la terrasse, et la contraint de tomber, épuisée, dans ses bras, sur un navrant rappel de Siegfried trésor du monde, celui qu’elle aime tant et qui ne la reconnaît plus, effroyable situation que souligne un rappel simultané du Pouvoir du casque et de l’amour humain de Brünnhilde, et que rend encore plus explicite, s’il est possible, un retour de La Trahison infâme.

C’est fini, elle est vaincue, brisée : les thèmes qui reviendront (Le Travail de destruction, Brünnhilde, Le Sort même) ne nous diront rien de plus ; mais il faut remar-