Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/574

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d’orchestre, de Capellmeister, de Directeur de musique de la cour… Mais ici, sous l’admirable direction des grands artistes que sont MM. Hans Richter, Hermann Levi et Félix Mottl, ils reçoivent à la fois un complément d’instruction technique et une impulsion artistique qu’ils chercheraient vainement ailleurs.

Nul besoin de sévérité pour obtenir d’eux exactitude et discipline ; tous sont venus bénévolement, avec la conscience de leur valeur, se ranger sous la grande et noble bannière ; l’orchestre est une famille unie, et l’autorité indiscutée du chef est empreinte d’une bonhomie toute paternelle. À une récente répétition de Siegfried, l’un des timbaliers avait donné un coup de baguette un peu avant le moment voulu : « Monsieur, lui dit doucement Richter, je vous ferai observer que Fafner ne meurt qu’au deuxième temps. » Ce qui fut compris.

Pendant les exécutions, s’il lance un coup d’œil courroucé vers celui qui vient de commettre une faute (là comme ailleurs cela arrive), il ne manque jamais d’adresser un sourire de satisfaction et d’encouragement au soliste qui vient de se distinguer par une interprétation exacte de son rôle ; je dis rôle, car, il ne faut pas s’y tromper, tous les rôles ne sont pas sur la scène : il y en a beaucoup, et non des moins importants, exclusivement confiés à l’orchestre, et chaque musicien, de par l’instruction même acquise au cours des répétitions, sait, à tout moment, ce que veut dire ce qu’il fait, s’il concourt simplement à un effet d’ensemble, ou si le contour musical dont il est chargé possède une signification précise, à souligner, et dans quel sens elle doit être soulignée ; il n’est pas un d’eux qui ne connaisse, mieux encore que tous les commentateurs, la portée des Leit-motifs, souvent sans en savoir le nom, toujours de convention et