Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/589

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il y en a, ne viennent pas davantage se ranger symétriquement sur deux rangs, alignés comme des soldats, ou en demi-cercle, bien en face du public, pour lever les bras comme des automates, tous à la fois, à la note la plus forte. Chacun a son rôle individuel, il le joue, le mime et le chante, ce qui donne une apparence de vie et de vérité infiniment plus satisfaisante.

Wagner avait donc réalisé, depuis longtemps, le système de mise en scène sincère tenté dans ces dernières années à Paris, au Théâtre-Libre, par un comédien français, système qui, fort heureusement, tend de plus en plus à se généraliser.

Les costumes d’hommes sont en général fort beaux ; ceux des femmes prêtent moins au luxe que les brillantes armures des chevaliers. À part l’équipement guerrier de la Walkyrie, quelques riches toilettes féminines dans Lohengrin, les atours de fiancée d’Eva, ceux d’Iseult reine de Cornouailles, les héroïnes, par leurs caractères mêmes, n’ont pas à faire parade d’élégance. Signalons en passant que le parure de Freïa, dans L’Or du Rhin, a été copiée trait pour trait sur une des plus gracieuses figures du Printemps de Botlicelli.


Les dépenses sont très considérables ; pour n’en donner qu’un exemple, les frais nécessités en 1896, pour remettre à la scène L’Anneau du Nibelung, se sont montés à la somme de 800,000 francs, répartie en deux années de travail.

À ceux que cette dépense étonnerait, je puis apprendre que les décors seuls (ceux de 1876 ayant été perdus) ont coûté 155,000 fr., dont 35,000 rien que pour les nuages ; et les décors ne sont pas tout ; il y a leur entretien et leur machination, l’entretien du théâtre lui-même pen-