Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/59

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tre mesures tout le long du morceau. La surprise qu’éprouva alors le public se changea en une mauvaise humeur non dissimulée, puis en une gaieté qui m’affligea fort ! »

Les troubles de juillet 1830 survenant alors, le jeune Richard tourne uniquement ses pensées vers la politique révolutionnaire, et, s’y jetant à corps perdu, il abandonne toute étude, y compris la musique. Il entre pourtant à l’Université de Leipzig pour suivre les cours d’esthétique et de philosophie, mais il se livre surtout aux extravagances de la vie d’étudiant. Il s’en dégoûte heureusement vite et sent le besoin de se remettre à ses travaux. Il a la bonne chance de trouver en l’excellent Théodor Weinlig un remarquable professeur qui sait gagner sa confiance et lui fait faire une étude approfondie de la fugue et du contrepoint. Il apprend alors à connaître et à apprécier Mozart et compose une Polonaise et une Sonate, maladroite imitation des procédés de Beethoven et de Schubert, qu’il dédie à son maître Weinlig. Ces deux morceaux furent publiés chez Breitkopf et Härtel, où on les trouve encore. Les leçons ne durèrent que six mois, car il en profita d’une façon remarquable et « acquit ainsi, comme il l’a écrit lui-même, l’indépendance dans sa manière d’écrire ».

Il partit en 1832 pour Vienne, qu’il trouva toute à la musique française et aux « pots pourris ». En revenant il s’arrêta à Prague et parvint à y faire exécuter plusieurs compositions, entre autres une Symphonie. Il y écrivit le poème et le premier numéro d’un opéra, la Noce, dans lequel se fait sentir la déplorable influence de la mauvaise école française, et qu’il déchira l’année suivante, parce que le sujet déplaisait à sa sœur Rosalie.

En 1833 commence réellement sa carrière de musi-