Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/73

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Siegfried en 1857. Une longue interruption survint alors. Il laissa de côté la Tétralogie pour s’occuper de Tristan, qui cadrait mieux, pendant cette période, avec son état d’âme.

Tout en s’adonnant à ce colossal travail, Wagner avait mené de front bien d’autres occupations. Il avait monté Tannhauser à Zurich et, au cours d’un long séjour que fit auprès de lui Liszt, organisé à Saint-Gall un concert dans lequel il conduisit la Symphonie Héroïque et où Liszt dirigea ses Poèmes Symphoniques, Orphée et ses Préludes.

À cette époque on lui offre d’aller donner des concerts en Amérique ; mais il déclara « n’être pas disposé à se trimbaler comme donneur de concerts, même pour beaucoup d’argent ».

Pourtant en janvier 1855 il accepta, « plutôt en curieux et pour voir ce que font les gens là-bas », d’aller diriger huit concerts de la « Philharmonie Society » de Londres. Il noua alors des rapports pleins de cordialité avec Berlioz, qui conduisait dans le même temps l’orchestre de la société la « New-Philharmonic ». Une correspondance s’établit même entre eux au retour de Wagner en Suisse.

Le prince Albert apprécia fort la musique du Maître allemand, bien que celui-ci ne l’introduisît que fort discrètement dans ses programmes. Après l’audition de l’ouverture de Tannhauser, qui excita l’enthousiasme général, la famille royale fit demander l’auteur dans sa loge pour le féliciter. La presse anglaise pourtant fut dure pour lui. On lui reprocha, entre autres, vivement, dit-on, de conduire par cœur les Symphonies de Beethoven. Wagner alors, pour complaire à son auditoire, parut au prochain concert avec une partition ; le public s’en montra fort satisfait et prétendit ensuite que l’exécution avait ainsi été