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« Issu du père de famille, le roi était demeuré dans l’âme populaire, instinctivement et sans qu’il s’en rendît compte, le père auprès duquel on recherche soutien et abri. Vers lui, à travers les siècles, s’étaient portés les regards dans les moments de détresse et de besoin.

» Et voici que brusquement, par le violent contrecoup de la prise de la Bastille cette grande autorité patronale est renversée. Et c’est, parmi le peuple de France, un malaise, un effroi vague, irréfléchi. Oh ! les rumeurs sinistres ! Les brigands !… Et le père de famille n’est plus là !

« La grande peur est la dernière page de l’histoire de la royauté en France ! Il n’en est pas de plus touchante, de plus glorieuse pour elle… »




Ainsi s’achève l’Ancienne France — le Roi.

De ce livre, il fallait parler ; des bizarreries qui s’y rencontrent appartiennent en propre à M. Frantz Funck-Brentano, expert en l’art d’étonner, ou même, puisque l’Académie française a permis l’usage de ce terme, d’épater le monde ; mais le livre témoigne d’un état d’esprit assez répandu aujourd’hui, l’état d’esprit régressif.