leurs de France, dont le sort vous préoccupe tant, seront plus heureux quand ils seront sous la coupe des industriels qui font patronner leur établissement par Notre-Dame de l’Usine ? Donnez-moi donc une fois votre avis sur le capital chrétien et dites-moi si sincèrement vous ignorez que l’antisémitisme sert uniquement les intérêts des capitalistes catholiques, des petits bourgeois catholiques et que le dernier de ses soucis est précisément le sort du prolétariat ?
Quand vous aurez répondu à cette question, je pourrai vous en poser d’autres et nous ne sommes pas encore au bout.
En réponse aux questions que je posais, M. Drumont publia dans la Libre Parole du 22 mai, un article auquel il voulut bien donner pour titre : Un Émule de Zola. Cet article commençait ainsi :
« Pour une fois que j’ai eu la faiblesse de dire quelque chose d’aimable à un Juif, je n’ai vraiment pas eu de chance. J’avoue que j’avais trouvé dans l’antisémitisme, son histoire et ses causes de Bernard Lazare, quelques pages empreintes d’une certaine impartialité[1]. Je l’ai dit, et M. Bernard Lazare en profite aujourd’hui pour m’être désagréable à propos de l’article de Zola. Que voulez-vous ? La race est comme cela… »
Dans le Voltaire du 24 mai, je répondis à M. Drumont.
- ↑ Voici ce qu’écrivait à propos de ce livre M. Édouard Drumont dans la Libre Parole du 10 janvier 1895 : « C’est un livre remarquable, ai-je dit, que cet essai d’histoire de l’Antisémitisme ; c’est un livre fort nourri de faits et dominé d’un bout à l’autre par un bel effort d’impartialité, par la consigne donnée au cerveau de ne pas céder aux impulsions de la race. »