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Page:Lazare - Contre l’antisémitisme.djvu/16

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Ce que je disais dans mon livre, je l’ai redit dans une brochure qui s’appelait Antisémitisme et Révolution[1], j’écrivais là : M. Drumont est « perturbé par l’hystérie religieuse et, d’autre part, s’il fait illusion avec de gros fatras, il est sur bien des points ignorant comme une carpe, et sa façon d’écrire l’histoire vaut bien celle du père Loriquet[2]. » Ces diverses appréciations n’avaient pas altéré la bienveillance de M. Drumont à mon égard, et j’ignore vraiment pourquoi mon dernier article me l’a fait perdre. Qu’importe, je m’en consolerai, mais je ne pourrai, malgré tout, que maintenir les jugements que j’ai portés sur lui. Pas plus aujourd’hui qu’hier je ne croirai à sa science, à sa sociologie et à sa gloire immortelle. Veut-il me dire qui étaient Lampon et Isidore, qui étaient Eisenmenger et Wagenseil ? Les deux premiers agitèrent Alexandrie et firent se ruer la populace grecque contre les Juifs. Les deux seconds ont écrit contre les Juifs des livres plus gros que la France Juive et plus savants. Leur nom n’est même pas connu des antisémites ; c’est peut-être encore moi qui les leur apprendrai. L’oubli dans lequel ils sont tombés pourrait servir à Drumont de sujet de méditation. Je le lui affirme : il y aura encore des Juifs dans le monde que son nom aussi sera oublié, à moins qu’un Joséphe ne le conserve comme fut conservé le nom d’Appion.

Mais c’est assez sur ce sujet et je veux reprendre les pseudo-réponses de M. Drumont : « Une autre facétie, écrit-il, à laquelle se livre volontiers M. Lazare, c’est de soutenir que je veux faire massacrer le petit Juif qui gagne quarante sous par jour. Or, en admettant que le petit Juif qui gagne quarante sous par jour ne soit pas un mythe, je

  1. Lettres prolétariennes. Antisémitisme et Révolution (Paris, mars 1895).
  2. Antisémitisme et Révolution (p.14).