Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/112

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frère du roy. Il en reçut le prix des mains de la reine ; c’étoit une boite à portrait, garnie de diamants. La fête recommença le lendemain et se termina comme le premier jour, par un splendide souper chez la reine. » — Le nom de cette place, qui rappelait une fête d’une somptuosité toute royale, ne pouvait être conservé par la révolution. — « Séance du 19 janvier 1793. Le conseil général, après avoir entendu la lecture de l’adresse des défenseurs de la république une et indivisible, des 84 départements, séant aux Jacobins, arrête, conformément au vœu qu’ils ont exprimé, que l’arbre de la fraternité qui doit être planté sur la place du Carrousel sera entouré de quatre-vingt-quatre piques formant un faisceau et portant le nom de chaque département, et en outre que la place du Carrousel sera dorénavant nommée la place de la Fraternité. » (Registre de la commune, tome XIII, page 358.) Cette place, à laquelle on rendit bientôt la dénomination du Carrousel, a été successivement agrandie par la démolition d’une partie des maisons de la rue Saint-Nicaise et de plusieurs hôtels qui encombraient cette voie publique.

« Décret impérial du 26 février 1806. — Art. 5e. Il sera élevé un arc-de-triomphe à la gloire de nos armées à la grande entrée de notre palais des Tuileries sur le Carrousel. — Art. 6e. Cet arc-de-triomphe sera élevé avant le 1er novembre ; les travaux d’arts seront commandés et devront être achevés et placés avant le 1er janvier 1809. » (Extrait). Cet arc-de triomphe est sans contredit une des plus belles productions de l’architecture française. Cet ouvrage valut à MM. Percier et Fontaine, le grand prix de première classe au concours décennal de 1810. Le 7 juillet 1806, des médailles furent déposées dans une des assises du soubassement. Le prix de la construction de ce monument n’excéda pas un million ; cette somme provenait de la conquête de la Hollande. Le plan de cet arc-de triomphe présente un parallélogramme ouvert de trois arcades dans sa longueur, dont une grande au milieu de 4 m. 55 c., et les deux qui l’accompagnent, de 2 m. 76 c. Cet arc-de-triomphe a cela de différent des arcs à trois ouvertures des anciens, que ses pieds droits sont ouverts dans leurs faces latérales, ce qui établit un passage dans le sens de son épaisseur ; ces arcades latérales ont comme les autres 2 m. 76 c. de largeur. Sur les deux faces principales en avant des pieds droits, sont quatre piédestaux engagés et des colonnes isolées. La décoration extérieure de ce monument se compose : 1o d’une ordonnance de huit colonnes corinthiennes (celles déjà mentionnées) dont l’entablement complet porte au droit des ressauts huit statues des soldats français de différentes armes ; 2o d’un attique qui reçoit la dédicace et des bas-reliefs allégoriques ; 3o d’un double socle élevé au-dessus de l’arcade. Les massifs sont en pierres de liais, les colonnes en marbre rouge de Languedoc, et leurs bases et chapiteaux en bronze ; la frise de l’entablement est en griotte d’Italie.

Ce monument présente dans son ensemble les formes et les proportions de l’arc de Septime-Sévère, dont on voit les ruines dans le Campo-Vaccino, à Rome. Six bas-reliefs en marbre blanc décoraient notre arc triomphal. Il était surmonté d’un quadrige qui était lui-même un trophée. Ce char et ces quatre chevaux ornaient autrefois le temple du Soleil à Corinthe. Ils furent transportés à Rome sous le règne de Néron, à Venise par le doge Dandolo, et à Paris par Napoléon. — Les revers de 1814 et de 1815 firent disparaître le char et les bas-reliefs. Ces derniers furent remplacés en 1825 par d’autres représentant les hauts-faits de la campagne du duc d’Angoulême en Espagne. En 1830, ils furent brisés et l’on remit les anciens que nous voyons encore aujourd’hui. Depuis 1836, le double socle est surmonté d’un nouveau quadrige que nous devons à M. Bosio. La hauteur totale du monument est de 14 m. 60 c., non compris le double socle. Sa longueur est de 17 m. 60 c. et sa profondeur de 10 m.

Carrousel (pont du).

Situé entre les quais du Louvre et de Voltaire.

Une ordonnance royale du 11 octobre 1831, autorisant la construction de ce pont, en a déclaré concessionnaire le sieur Rangot qui a passé ses droits à M. Borde. Depuis le 13 mai 1837, il appartient à une société anonyme. La durée de cette concession a été fixée à 34 années 10 mois, qui, partant du 1er janvier 1833, doivent expirer au 1er novembre 1867. Ce pont, commencé en 1832, sous la direction habile de l’ingénieur Polonceau, a été livré à la circulation le 30 octobre 1834. Il est ouvert aux piétons et aux voitures, qui doivent acquitter un droit. Il est en fer fondu et composé de trois arches de 47 m. 67 c. d’ouverture ; ces arches sont formées par des arcs en fonte ayant la forme de tuyaux courbés à section elliptique. Sa largeur entre les garde-corps est de 11 m. 85 c. Il a coûté 900,000 fr. Outre cette dépense, la compagnie a été tenue de verser au trésor une somme de 80,000 fr. destinée à l’ornement du pont. L’administration doit faire exécuter elle-même ces travaux d’embellissement.

Carrousel (rue du).

Commence aux place et rue du Musée ; finit à la place du Carrousel. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

« Au palais des Tuileries, le 26 février 1806. Il sera ouvert une rue de la largeur de 17 m. sur la direction du milieu du palais des Tuileries et du milieu de celui du Louvre. Les maisons qui se trouvent sur l’alignement de cette rue seront démolies et la rue percée avant le 1er novembre prochain. La nouvelle rue prendra le nom de rue Impériale. Les façades de cette rue seront bâties sur un plan régulier qui sera proposé par l’architecte de notre palais des