Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/235

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de procurer plus de commodité et de salubrité, nous nous serions déterminé à la supprimer et à la remplacer par un établissement qui serait formé à cet effet dans une portion de terrain et bâtiment dépendant de l’hôtel de Lamoignon, et attenant l’hôtel de la Force, auquel cet établissement serait réuni, etc… — Article 1er. Nous avons supprimé et supprimons la prison de Saint-Martin. Ordonnons qu’il sera incessamment formé un établissement pour la même destination, lequel sera et demeurera réuni à la prison de l’hôtel de la Force, etc. Données à Versailles, au mois d’avril l’an de grâce 1785, signé Louis. » (Extrait des lettres-patentes). Archives du royaume, section administrative, S. E., no  3478, f. 19. — Les filles publiques qui étaient enfermées dans la prison de Saint-Martin furent conduites à la Petite-Force.

Pendant la Terreur la jeune et belle princesse de Lamballe fut jetée dans la prison de la Force. Les assassins, après avoir assouvi leur fureur à l’abbaye, manquant de victimes, se séparent en plusieurs bandes ; l’une d’elles se rend à la Force. Une espèce de tribunal est improvisé par ces hommes qui ne veulent que du sang. La jeune princesse est aussitôt appelée ; mourante, elle arrive jusqu’au terrible guichet ! « Qui êtes-vous ? » demande un de ces bourreaux ? « Louise de Savoie, princesse de Lamballe. — Faites serment d’aimer la liberté, l’égalité. — Je le jure, répondit la jeune femme. — Jurez de haïr le roi, la reine et la royauté. — Je ne ferai point ce serment, il n’est point dans mon cœur. — Emmenez madame, dit le chef du guichet. » À peine a-t-elle fait un pas hors de l’enceinte, qu’un premier coup de sabre fait jaillir le sang de sa tête, elle se soutient encore un moment, puis un second coup la fait rouler aux pieds de ses bourreaux !… Son corps est déchiré, on l’outrage, on le mutile, on s’en dispute les lambeaux !… Leur rage n’est point encore assouvie. Sa tête est coupée et mise au bout d’une pique. Ils vont la montrer à la famille royale. Ce sanglant trophée dut annoncer aux malheureux captifs le sort qu’on leur réservait. La mort de la princesse de Lamballe ne fut que le prélude des assassinats dont la prison de la Force devint le théâtre.

Depuis 1830, l’insuffisance et l’état de vétusté des bâtiments de la Force avaient éveillé l’attention de l’autorité, qui d’ailleurs voulait introduire un nouveau système dans le régime intérieur des prisons. La construction d’une maison d’arrêt, destinée à remplacer celle de la Force, fut décidée ; mais le choix de l’emplacement donna quelques difficultés. Elles furent enfin résolues par l’ordonnance suivante « Louis-Philippe, etc… Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : — Article 1er. Le périmètre d’une prison destinée à remplacer la maison d’arrêt de la Force à Paris, et les alignements des rues de Bercy, Traversière, des Charbonniers et du boulevart Mazas, aux abords de ce périmètre, sont arrêtés conformément au tracé des lignes rouges et noires portées sur le plan ci-annexé. — Art. 2e. Sont autorisés l’ouverture de trois rues sur une largeur de 12 m., dans tout leur parcours suivant le tracé du même plan où elles sont cotées A. B. C., et le prolongement du boulevard Mazas, ainsi que le tout est indiqué et compris dans le périmètre déterminé par l’article 1er ci-dessus. — Art. 3e. L’exécution de ce périmètre et des alignements présentement arrêtés est déclarée d’utilité publique. — Art. 4e. Le préfet de la Seine, agissant au nom de ce département, est en conséquence autorisé à acquérir, soit de gré à gré, soit par voie d’expropriation forcée, conformément à la loi du 7 juillet 1833, tous les terrains et autres immeubles nécessaires à la réalisation de ces projets, etc… Au palais des Tuileries, le 17 décembre 1840, signé Louis-Philippe. Par le roi, le ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur, signé T. Duchâtel. » En ce moment les travaux de la nouvelle prison se poursuivent avec la plus grande activité sous la direction de MM. Lecointe et Gilbert aîné, architectes. Les constructions à l’entrée par le boulevart Mazas consisteront en un bâtiment d’administration avec dépendances et cours pour le déplacement des prisonniers. Ce bâtiment contiendra au rez-de-chaussée un portique de communication, la geôle, l’avant-greffe, le greffe, le cabinet du directeur, la salle de réunion de la commission des prisons et les salles de dépôt des prévenus ; au 1er étage, les logements du directeur et du greffier au 2e étage, la lingerie et les logements des employés. La prison proprement dite sera entièrement isolée par un chemin de ronde ; elle comportera cinq cours ou préaux, et six corps de bâtiments rayonnant autour d’une grande salle centrale destinée à la surveillance générale. Près de cette salle se trouveront les parloirs, le cabinet du médecin, la pharmacie, etc… ; un des six bâtiments contiendra l’infirmerie. Le système de la nouvelle maison d’arrêt étant l’isolement de jour et de nuit, les bâtiments seront disposés de manière former trois étages de cellules. Chaque bâtiment contiendra 200 prévenus, les six, 1,200. La dépense des constructions est évaluée à 3,389,496 fr. ; l’acquisition des terrains nécessaires à l’emplacement du nouvel édifice et à la formation de ses abords, s’est élevée à 937,000 fr. Les travaux seront terminés à la fin de l’année 1845. À cette époque, l’administration mettra en vente les terrains occupés aujourd’hui par la prison de la Force et dont la valeur est estimée 600,000 fr.


Forez (rue du).

Commence à la rue Charlot, nos 19 et 21 ; finit à la rue de Beaujolais, no  20, et à la place de la Rotonde du Temple, no  2. Le seul impair est 1 ; le dernier pair, 12. Sa longueur est de 43 m. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Ouverte en 1626, sur la culture du Temple, elle prit d’une de nos provinces le nom du Forez. — Une décision ministérielle du 5 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordon-