Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/28

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cohorte, était retenu au lit par une fièvre ardente ; Malet lui apprend la mort de l’empereur et lui ordonne de faire prendre les armes à ses soldats. Soulié obéit, et Malet, suivi d’une partie de la 10me cohorte, arrive à la Force et oblige le directeur à délivrer les généraux de brigade Lahorie et Guidal.

Le premier est nommé ministre de la police ; le second est appelé au commandement de la nouvelle garde du sénat ; Boccheampe, autre prisonnier, est désigné pour remplir la fonction de préfet de la Seine. Boutreux doit remplacer le préfet de police Pasquier.

Les rôles ainsi distribués, Lahorie et Guidal, avec un bataillon de la 10me cohorte, marchent sur l’hôtel du ministère de la police, situé quai Malaquais.

De son côté, Boutreux s’empare de la préfecture de police. M. Pasquier est conduit à la Force.

Au ministère de la police même succès. Savary est enfermé avec M. Pasquier. Ainsi l’autorité qui répondait de la tranquillité de Paris était anéantie, et pour obtenir cet important résultat quelques heures avaient suffi et pas une goutte de sang n’avait été versée.

Il fallait ensuite s’emparer de l’autorité militaire. Malet s’était réservé cette opération difficile.

Il se dirige vers la place Vendôme où se trouve l’état-major de la 1re division militaire. Le général Hulin remplaçait alors Junot. Malet, s’adressant au général qui était encore au lit, lui annonce sa destitution et lui demande son épée et le cachet de la 1re division. Hulin, un instant troublé, demande à voir les ordres du gouvernement ; alors Malet lui tire à bout portant un coup de pistolet. Au bruit de la détonation, l’épouse du général Hulin jette des cris affreux. Malet l’enferme avec son mari, et se rend aussitôt chez l’adjudant-général Doucet. Cet officier, qui reposait encore, reçoit l’ordre de mettre aux arrêts l’adjudant Laborde, dont l’activité pouvait être nuisible au complot. Ce dernier résiste, une discussion s’engage, il se retire enfin. Au bas de l’escalier, il aperçoit l’inspecteur-général de police Pasques, auquel on refusait l’entrée de l’état-major. Laborde le fait entrer, lui raconte ce qui se passe et le conduit jusqu’à la chambre de Doucet. À peine l’agent Pasques est-il entré, que Malet se trouble. Cependant il saisit son second pistolet, mais Laborde s’élance sur lui et le fait arrêter ainsi que Rateau. Ils sont conduits sous bonne escorte au ministère de la police. Laborde se dirige immédiatement vers l’Hôtel-de-Ville occupé déjà par Boccheampe, que Malet avait nommé Préfet de la Seine, en remplacement du comte Frochot. Boccheampe est arrêté. On s’empare également de Guidal et de Lahorie. À onze heures du matin les fils de la conspiration étaient rompus. À midi tout rentrait dans l’ordre.

Les prisonniers furent transférés le lendemain à l’Abbaye. Le 28 octobre, les accusés, au nombre de vingt-quatre, comparaissaient devant une commission militaire présidée par le général Dejean, sénateur grand-officier de l’empire et premier inspecteur du génie. Malet est interrogé. À cette question : « Quels étaient vos complices ? » Il répond : « La France entière et vous-même tout le premier, monsieur le comte, si j’avais réussi. » Les autres accusés sont entendus, presque tous n’ont point de défendeurs.

Le 29, à huit heures du matin, la commission se retire pour délibérer. À quatre heures elle rentre en séance, et le président prononce le jugement qui condamne quatorze accusés à la peine de mort ; les dix autres sont acquittés à l’unanimité.

Le même jour, à quatre heures de l’après-midi, de forts détachements de la garnison de Paris sont réunis à la plaine de Grenelle. Au milieu du carré formé par ces troupes, on voit deux pelotons. Le premier est composé de cent vingt hommes, et le second de trente seulement. Ils ont été désignés pour exécuter le jugement.

Les condamnés arrivent ; tous, la tête découverte, marchent d’un pas ferme. Ils s’arrêtent ! on les place sur un seul rang, adossés au mur d’enceinte qui séparé le boulevart extérieur du chemin de ronde de la barrière de l’École-Militaire.

Malet s’avance et demande à commander le feu : « Peloton, attention, » s’écrie-t-il d’une voix pleine et sonore, « portez armes !… apprêtez… armes !… Cela ne vaut rien nous allons recommencer. L’arme au bras, tout le monde. » Plusieurs vétérans sont troublés, quelques armes vacillent. « Attention, cette fois, » reprend Malet : « Portez armes !… apprêtez armes !… À la bonne heure, c’est bien. Joue… feu ! » Cent vingt balles criblent à l’instant ces malheureux. Malet seul est resté debout, il n’est que blessé. « Et moi donc, mes amis, » dit-il aux vétérans, « vous m’avez oublié ; à moi le peloton de réserve ! » Les soldats s’avancent. À cette seconde décharge, Malet tombe la face contre terre ; il respire encore ! on l’achève à bout portant.

Quelques moments après cette horrible exécution, trois charrettes suivaient lentement le chemin qui conduit au cimetière de Clamart !

On a dit que la conspiration Malet ne fut qu’une échauffourée. Napoléon en jugea autrement. Il sentit que le trône impérial avait tremblé sur sa base.


Antoine (rue Saint-).

Commence à la place Baudoyer, no 9, et à la rue des Barres, no 34 ; finit aux boulevarts Beaumarchais, no 1, et Bourdon. Le dernier impair est 233 ; le dernier pair, 234. Sa longueur est de 986 m. — Les nos impairs de 1 à 99, 7e arrondissement, quartier du Marché-Saint-Jean ; de 101 à la fin, 8e arrondissement, quartier du Marais. Les numéros pairs sont du 9e arrondissement, de 2 à 78, quartier du Marais ; de 80 à la fin, quartier de l’Arsenal.

Elle doit son nom à l’abbaye Saint-Antoine, à laquelle elle conduisait. Aux XIIIe et XIVe siècles, la partie qui s’étend de la rue des Barres à celle Culture-