Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/330

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D’autres victimes montèrent bientôt sur l’échafaud, et le marquis de Favras fut oublié. — L’hôtel-de-Ville devint le palais de la révolution. Là trônait la Commune de Paris. Sur la place de Grève, le désordre, le pillage et le meurtre préparaient leurs moyens de destruction.

Un arrêté du conseil général de la commune, à la date du 13 août 1793, porte ce qui suit :

« Il sera brûlé publiquement sur la place de Grève les drapeaux souillés des signes de la féodalité, les titres de noblesse, les brevets et décorations des chevaliers de Saint-Louis. »

Cette voie publique prit une nouvelle physionomie sous l’empire. Lors du sacre de Napoléon, la ville voulut aussi donner sa fête, l’hôtel de la préfecture apparaissait radieux de lumières. Une ligne de feu s’étendait le long des quais jusqu’au palais des Tuileries, et de vastes trépieds antiques supportaient des gerbes de flammes. Tout Paris a gardé la mémoire de ce magnifique feu d’artifice représentant le Mont-Saint-Bernard. Pendant que nos soldats gravissaient ces montagnes étincelantes, on voyait se détacher au sommet une figure bien connue ; sur le fleuve, une flotille pavoisée de reflets lumineux répondait par de continuelles éruptions à la mousqueterie et aux canons qui tonnaient sur la cime. C’était de l’histoire écrite en caractères de flammes.

Vingt-six années se sont écoulées, l’empire n’existe plus et la restauration va finir. Sur la place de Grève se livre un combat terrible, les traces en sont partout. Tant que le drapeau tricolore ne flotta pas sur l’Hôtel-de-Ville, rien ne fut décidé.

Pour les combattants, le palais de la bourgeoisie était plus précieux que les Tuileries et le Louvre.

Après la lutte, on comprit que le sang des criminels ne devait pas souiller plus longtemps les pavés de cette place, et l’on porta au loin l’instrument du supplice.

Aujourd’hui cette voie publique a pris un nouveau nom, mais elle est toujours le vaste caravansérail d’une grande partie de la classe laborieuse. Les ouvriers employés aux constructions s’y réunissent : faire Grève, est une expression consacrée pour peindre la situation d’un ouvrier sans travail. Ainsi sur cette même place, où il y vint si vaillamment combattre pour la liberté, le peuple vient encore demander et chercher de l’ouvrage.

Hôtel-de-Ville (rue de l’).

Commence aux rues de l’Étoile, no  3, et du Figuier, no  1 ; finit à la rue de Lobau, nos 2 et 4. Le dernier impair est 137 ; le dernier pair, 132. Sa longueur est de 526 m. — 9e arrondissement : les numéros de 1 à 21 et de 2 à 6, sont du quartier de l’Arsenal ; le surplus dépend du quartier de l’Hôtel-de-Ville.

Elle portait en 1212 le nom de rue de la Mortellerie. Vers l’année 1300, le poète Guillot en parle ainsi

« Je ving en la Mortelerie,
» Où a mainte teinturerie. »

Quelques auteurs prétendent que cette dénomination lui avait été donnée en raison des meurtres qui s’y commettaient la nuit. Sauval pense qu’elle doit tout naturellement ce nom à un des ancêtres de Richard le Mortelier, bourgeois de Paris, qui y demeurait en 1348. Selon Jaillot, mortelier, en vieux langage, signifie maçon, celui qui fait le mortier ; en effet, de temps immémorial, cette rue a été habitée par ces ouvriers dont le bureau était situé au no  151. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, signée François de Neufchâteau, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 7 m. Cette moindre largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 29 mai 1830. Conformément à une décision ministérielle du 16 février 1835, cette voie publique a reçu la dénomination de rue de l’Hôtel-de-Ville, parce qu’elle débouche en face de cet édifice. En 1837, vingt-et-une maisons de cette rue ont été démolies pour faciliter l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville et l’ouverture de la rue de Lobau. Les propriétés ci-après ne sont pas soumises à retranchement : 11, 13, 75, 77, 83, 85, encoignure droite de la rue des Barres, 121, 125, 127, encoignure de la rue de Lobau ; partie des nos 2, 60, 62, 64, 66, 68, encoignure droite de la rue du Pont-Louis-Philippe, 78, 80 et 108. — Portion d’égout. — Conduite d’eau depuis la rue de Lobau jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Entre les nos 18 et 20 était située l’impasse d’Aumont, qui devait sa dénomination à un hôtel ayant entrée par la rue de Jouy. — Une décision ministérielle du 6 vendémiaire an XIV, signée Champagny, avait fixé à 6 m. la largeur de cette impasse qui a été supprimée en vertu d’une ordonnance royale du 4 février 1843. Le sol de cette voie publique a été cédé à un propriétaire riverain.

En 1832, la population de la rue de la Mortellerie fut décimée par un fléau redoutable qui porta le trouble et la désolation dans Paris. Du mois de mars au mois de septembre (189 jours), le choléra-morbus enleva 18,402 habitants à la capitale. Le quartier de l’Hôtel-de-Ville fut un de ceux où cette horrible maladie exerça ses plus cruels ravages. Sur une population de 12,740 personnes, on compta 671 décès (53 sur 1,000). La rue de la Mortellerie seule perdit 304 habitants sur 4,688 (64 par 1,000).

Hôtel-Dieu.

Situé sur le Parvis-Notre-Dame. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

La fondation de l’Hôtel-Dieu remonte à Saint-Landry, huitième évêque de Paris.

Les chanoines de Notre-Dame ne possédaient dans le principe que la moitié de cet établissement, l’autre partie leur fut cédée en 1202 par Renaud, évêque de Paris. L’Hôtel-Dieu n’était pas seulement affecté aux pauvres malades, on y admettait également des pauvres valides. Adam, clerc du roi, fit don à cet hôpital,