Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/394

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de Louvois, sur le terrain de l’hôtel à lui appartenant, rue de Richelieu, une nouvelle rue de 30 pieds de largeur qui traversera le d. hôtel et conduira de la d. rue de Richelieu à la rue Sainte-Anne. — Art. 2e. La dite rue sera nommée rue de Louvois, etc. — Art. 5e. Voulons et entendons que les propriétaires des maisons, formant tant à droite qu’à gauche la façade de la d. rue, soient tenus de construire un trottoir le long des dites maisons, dont la largeur sera de 4 pieds et la hauteur de 10 à 12 pouces au moins, avec une bordure de pierres, propre à soutenir le d. trottoir, lequel sera en outre couvert d’un pavé uni et défendu dans toute sa longueur de petites bornes qui seront posées à une certaine distance les unes des autres, telle qu’elle sera déterminée, etc. » — Ces lettres-patentes reçurent leur exécution au mois de novembre 1784. La rue fut ouverte sur une largeur de 9 m. 60 c., dimension qui a été maintenue par une ordonnance royale du 16 avril 1831. Les propriétés riveraines sont alignées. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Le théâtre de Louvois était situé dans cette rue, au no 6. Il avait été construit, en 1791, sur les dessins de Brongniart, architecte. Son inauguration eut lieu le 1er juillet 1793. Fermé pendant quelque temps, il fut rouvert le 7 mai 1801. On y joua jusqu’en 1808. Vers 1820, par suite de l’interdiction de la salle de l’Opéra, les acteurs de ce théâtre donnèrent quelques représentations sur le théâtre de Louvois, qui a été transformé depuis en maison particulière.

Louvre (palais du).

Entrée principale, place du Louvre. — 4e arrondissement.

En quittant la rive gauche, de la Seine au quai d’Orsay, quel imposant tableau attire les regards ! Le palais du Louvre, celui des Tuileries, l’Arc-de-Triomphe, la Madeleine, toutes ces richesses si heureusement groupées, forment un ensemble unique dans l’univers entier. — L’histoire du Louvre, c’est l’histoire de la France tracée sur des murailles. Quand la royauté voulut sortir de tutelle, un château s’éleva, prison toute préparée. Philippe-Auguste montrait aux grands vassaux révoltés son épée de Bouvines et la tour du Louvre. Trois siècles sont écoulés : le vieux château-fort de Philippe-Auguste a passé de mode. François Ier veut oublier Pavie. S’il n’a pu vaincre Charles-Quint, il veut être l’émule des Médicis et des Léon X. Il lui faut de nobles portiques, de précieux bas-reliefs, des frises élégantes. Un nouveau Louvre s’élève, et chaque royauté va lui porter son offrande.

L’origine du Louvre se perd dans la nuit des temps. Les historiens ne sont pas même d’accord sur son étymologie. Les uns font dériver son nom d’un seigneur de Louvres, sur le terrain duquel le premier château fut bâti ; les autres, des loups qui peuplaient la forêt voisine ; quelques uns du vieux mot français ouvre, de sorte qu’on aura dit plus tard l’ouvre pour l’œuvre, l’ouvrage par excellence ; enfin, il en est un petit nombre, et ceux-là nous semblent avancer l’opinion la moins invraisemblable, qui prétendent trouver la racine de ce nom dans le mot saxon lower, qui signifie château. L’existence du Louvre remonterait à Dagobert, s’il fallait en croire une charte de ce roi, citée dans l’histoire de l’Université, par Duboullay ; mais d’autres savants ont contesté l’authenticité de cette pièce. Plusieurs écrivains ont attribué la construction de ce château à Childebert Ier ; enfin Duchêne, dans sa Géographie manuscrite de Paris, prétend que Louis-le-Gros fit entourer le Louvre de murailles ; et qu’il y recevait le serment de fidélité des grands vassaux de la couronne. Il est un fait constant, c’est que l’existence du Louvre est antérieure au règne de Philippe-Auguste. Les bornes de cet article ne nous permettent point de faire ici une description de cette forteresse, on peut d’ailleurs s’en faire une idée en visitant ce qui nous reste du château de Vincennes. — François Ier résolut de faire abattre le Louvre et de construire sur son emplacement un édifice plus élégant. Ce prince en confia l’exécution à Sébastien Serlio, italien. Cet habile architecte, auquel on avait montré le dessin de Pierre Lescot, seigneur de Clagny, eut la générosité d’avouer au roi que le projet de l’artiste français était préférable au sien. Ce fut donc d’après les plans de Pierre Lescot que fut commencé le palais nommé depuis le Vieux-Louvre, pour le distinguer des bâtiments qui furent élevés sous les règnes suivants. Cet édifice ne devait s’étendre, dans le principe, que depuis le pavillon formant l’angle du côté de la rivière, jusqu’à celui qui fait aujourd’hui le milieu de la grande cour. Ce palais, dans lequel on entrait par la salle connue sous le nom des Antiques, devait être composé d’une grande galerie ayant deux pavillons. Celui du côté de la Seine était destiné à l’habitation, et celui du côté opposé était affecté à la chapelle et contenait le grand escalier. La façade principale, décorée de deux ordres d’architecture et d’un attique au-dessus, indiquait clairement que le rez-de-chaussée était destiné au service du palais ; le premier étage à l’habitation du souverain, et l’attique aux logements de sa suite. Henri II fit continuer cet édifice, l’augmenta d’une aile qui s’étendait au midi, du côté de la rivière. Cette aile devait être sans doute répétée dans la partie opposée en prolongement du pavillon du côté du nord. L’escalier et la belle salle nommée aujourd’hui des Cariatides ont été bâtis également sous Henri II. Les sculptures sont dues au ciseau du célèbre Jean Goujon. Sous le règne de Charles IX fut construite la portion de bâtiment en aile qui existe aujourd’hui du côté du jardin de l’Infante, et en retour sur le bord de la rivière jusqu’au guichet du petit clocher.

M. Quatremère de Quincy s’exprime ainsi sur les constructions du vieux Louvre : « Il faut rendre à Lescot la justice de dire qu’il déploya dans son