Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/402

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fondations du palais d’Orléans, au commencement de la régence de Marie de Médicis, il n’avait pas plus de cinq à six pouces de haut ; à l’ordinaire il était nud et un pied en l’air ou pour marcher ou pour voler, mais contre la coutume il n’avait point de bonnet ; les ailes lui sortaient de la tête, et sur la paulme de la main droite il portait une bourse toute pleine. » — Dans les fouilles exécutées en 1801, on déterra quelques figurines de divinités, une petite idole de Mercure, une tête de Cybèle, toutes deux en bronze, et quelques instruments sans doute affectés aux sacrifices. Des objets servant à préparer des repas y furent trouvés en abondance. On y déterra un nombre infini d’autres ustensiles plus particulièrement destinés aux militaires et à leur habillement, tels qu’agraphes, boucles de différents genres avec leurs ardillons que les Romains nommaient fibulæ ; des boutons, des ornements de ceinturons, des harnais de chevaux et un bout de fourreau d’épée ; toutes ces découvertes semblent indiquer que l’emplacement où nous voyons aujourd’hui le jardin du Luxembourg, était occupé par un camp à l’époque de la domination romaine. Cette opinion se fortifie par suite des découvertes qui furent faites au mois d’octobre 1836. En creusant les fondements de la nouvelle Chambre des Pairs, M. de Gisors, architecte, a trouvé une série de puisards, une masse énorme de tuiles romaines, des débris de vases antiques, plusieurs statuettes en pierre et de nombreux fragments de poterie ; enfin, tout récemment, en fouillant le sol dans la partie du jardin du Luxembourg où l’on construisit l’Orangerie, on a trouvé à une profondeur d’environ 1 m. 50 c., quelques fragments de plâtrages revêtus encore de peintures, ainsi qu’un vase d’argent renfermant un grand nombre de médailles romaines.

Le jardin du Luxembourg est un des plus beaux de l’Europe. Dans les années 1793 et 1794, on se servit pour son agrandissement de l’enclos du couvent des Chartreux, sur lequel on construisit aussi des ateliers d’armes. Après la Terreur, ces ateliers furent abattus ; on conserva pourtant la pépinière des Chartreux, qui devint un des principaux ornements de ce jardin. À la fin de l’année 1795 on traça la magnifique avenue qui rattache le Luxembourg à l’Observatoire. Ce jardin fut aussi amélioré sous l’Empire. Les travaux, dirigés d’abord par Chalgrin, furent continués par Baraguei, architecte du palais des Pairs. Le plan de Jacques de Brosse a été presqu’entièrement modifié. Son ordonnance actuelle se compose d’un parterre entouré de plates-bandes, au milieu desquelles se trouve un grand bassin octogone. Des terrasses bordées de balustrades et recourbées en pente douce, entourent le parterre et le dominent.

Petit Luxembourg. — Ce petit palais, dont l’entrée est dans la rue de Vaugirard, à l’ouest du Luxembourg, fut construit vers l’année 1629, par ordre du cardinal de Richelieu, qui l’habita pendant qu’on bâtissait le Palais-Cardinal. Cet édifice terminé, son Éminence donna son hôtel de la rue de Vaugirard à la duchesse d’Aiguillon, sa nièce. Cette habitation prit alors le nom d’hôtel d’Aiguillon. Il passa plus tard à titre d’hérédité, au prince Henri-Jules de Bourbon-Condé, et reçut à cette occasion le nom d’hôtel du Petit-Bourbon. La princesse Anne, palatine de Bavière, veuve de Jules de Bourbon, le choisit pour sa demeure ordinaire. Elle y fit exécuter des réparations et accroissements considérables sous la direction de l’architecte Germain Boffrand, qui construisit le délicieux petit cloître situé entre l’hôtel et l’Orangerie.

La Société des Arts, fondée vers 1730, sous la protection de Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont, tenait ses séances le dimanche et le jeudi de chaque semaine dans cet hôtel.

Le Petit-Luxembourg devint le siège du gouvernement directorial. Quatre des directeurs l’habitaient, le cinquième logeait dans le grand palais. Pendant les dix premiers mois de son consulat, Bonaparte demeura dans cet hôtel qui fut ensuite successivement occupé par son frère Joseph, roi de Naples, et par la reine d’Espagne. Le Petit-Luxembourg est maintenant la résidence du chancelier de France, président de la Chambre des Pairs. En 1812 et 1813, on a démoli les bâtiments qui établissaient une communication entre le grand palais et cet hôtel. Depuis 1830, il a été restauré de fond en comble, et une communication nouvelle par un jardin dessiné à l’anglaise vient d’être créée entre cet hôtel et le grand palais.

Luxembourg (rue Neuve-).

Commence à la rue de Rivoli, no 50 ; finit au boulevart de la Madeleine, no 1, et à la rue Neuve-des-Capucines, no 15. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair, 30. Sa longueur est de 459 m. — 1er arrondissement : les numéros de 1 à 5 et de 2 à 12, sont du quartier des Tuileries ; le surplus est du quartier de la Place-Vendôme.

« Louis, etc… Nous estant fait représenter en nostre conseil le plan général des quartiers appellés la place de Louis-le-Grand, porte et rempart de Saint-Honoré et des Capucins que les prévost des marchands et échevins de notre bonne ville de Paris ont fait lever par le maître général de ses bâtiments, et estant informé de la difficulté du passage de la porte Saint-Honoré qui est très fréquentée et souvent embarrassée par le grand nombre des voitures, et ayant appris que l’emplacement de l’hôtel de Luxembourg, qui est entre la place de Louis-le-Grand et la porte Saint-Honoré, est vendu et que le sieur Leduc, architecte, acquéreur, offre à la ville de donner l’ouverture d’une rue à travers le d. emplacement de cinq toises de large, qui communiqueroit de la rue Saint-Honoré au rempart, à la rencontre de celle des Petits-Champs, ce qui seroit un très grand dégagement et commodité pour le quartier de Louis-le-Grand, et voulant contribuer à la perfection