Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/432

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largeur qui a été portée à 15 m. par une ordonnance royale du 14 novembre 1839.

Partie comprise entre le boulevart et la rue Neuve-des-Mathurins. — Une ordonnance royale du 5 novembre 1823 porte ce qui suit : « Article 1er. Les sieurs Lafaulotte frères, et Godot-de-Mauroy frères, sont autorisés à ouvrir sur leurs terrains une rue de douze mètres de largeur, pour communiquer de la rue Basse-du-Rempart à l’impasse de la Ferme-des-Mathurins, etc. — Art. 2. Cette autorisation est accordée à la charge, par les impétrants, de supporter les frais de premier pavage et de premier éclairage de la rue, et, en outre, de se conformer aux lois et règlements sur la voirie de Paris. » Cette ordonnance fut immédiatement exécutée. Le nouveau percement reçut d’abord le nom de rue Neuve-de-la-Ferme-des-Mathurins. — Les deux parties ont été réunies, il y a quelques années, sous une seule et même dénomination.

Propriétés de 1 à 35, alignées ; 37, retranch. 3 m. 07 c. ; 37 bis, 39, 39 bis alignées ; du second no  39 à la fin, ret. 4 m. 10 c. ; de 2 à 44, pas de ret. ; 46, ret. 1 m. 20 c. ; de 48 à 58, alignées ; 60, ret. 1 m. 20 c. — Égout et conduite d’eau entre les rues Neuve-des-Mathurins et Saint-Nicolas. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Mathurins (rue Neuve-des-).

Commence à la rue de la Chaussée d’Antin, nos 15 et 17 ; finit à la rue de la Madeleine, nos 59 et 76. Le dernier impair est 97 ; le dernier pair, 110. Sa longueur est de 711 m. — 1er arrondissement : de 1 à 91 et de 2 à 102, quartier de la Place-Vendôme ; le surplus dépend du quartier du Roule.

Le plan de Jaillot l’indique sous le nom de ruelle des Mathurins. Elle était ainsi appelée parce qu’elle longeait des terrains appartenant aux religieux Mathurins. La partie de cette voie publique, comprise entre les rues de l’Arcade et de la Madeleine, a été ouverte, en 1792, sur les dépendances du couvent des Bénédictines de la Ville-l’Évêque, et dont M. de Montessuy était alors propriétaire. Ce percement fut autorisé par délibération du corps municipal du 16 février 1792. — Une décision ministérielle du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, a fixé la largeur de cette voie publique à 9 m. 74 c. Les maisons riveraines ne sont point soumises à retranchement. — Égout et conduite d’eau dans la plus grande partie. — Éclairage au gaz (compe anglaise).

Mathurins-Saint-Jacques (rue des).

Commence à la rue Saint-Jacques, nos 62 et 64 ; finit à la rue de la Harpe, nos 75 et 77. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 26. Sa longueur est de 186 m. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

On la désignait, en 1220, sous le nom de rue du Palais-des-Thermes, en raison de la principale entrée de cet édifice qui se trouvait alors dans cette rue. Elle doit son nom actuel au couvent des Mathurins. En vertu des lettres-patentes du 3 décembre 1672, renouvelées le 29 janvier 1676, cette voie publique a été élargie. — Une décision ministérielle du 24 messidor an V, signée Benezech, a fixé la moindre largeur de la rue des Mathurins à 9 m. Les maisons nos 11, 2, 4 et 6, sont alignées. — Conduite d’eau depuis la rue de la Harpe jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Conformément à un arrêté préfectoral du 20 mai 1844, une enquête est ouverte à la mairie du 11e arrondissement, sur le projet d’alignement de la rue des Mathurins. Ce projet qui serait déclaré d’utilité publique, consiste : 1o à donner 12 m. de largeur à la rue, en prenant tout le retranchement sur le côté des numéros impairs ; 2o à exécuter l’alignement par voie d’expropriation dans le délai de six années, à partir de l’ordonnance royale qui approuvera le projet.

Couvent des Mathurins. — Le récit des tortures dont les musulmans accablaient leurs captifs chrétiens pendant les croisades, suggéra à la charité toujours ingénieuse les moyens de procurer la liberté à ces pauvres prisonniers. L’ordre religieux qui eut cette belle mission à remplir avait été fondé par Jean de Matha et Félix de Valois ; il fut approuvé, le 18 décembre 1198, par le pape Innocent III. Ces pères, appelés d’abord religieux de la très Sainte-Trinité de la rédemption des captifs, ajoutèrent à leur nom celui de Mathurins lorsqu’ils vinrent occuper à Paris les bâtiments d’une aumônerie, dont la chapelle était dédiée à saint Mathurin. Ces moines vivaient d’une manière simple et austère ; il leur était défendu de voyager à cheval, et la seule monture qui leur fut permise leur avait fait donner le surnom de Frères-aux-Ânes. Rutebœuf, dans sa pièce de vers intitulée les Ordres de Paris, donne des éloges à ces religieux. L’épitaphe suivante gravée sur une table de bronze, scellée dans le mur du cloître, atteste que ces moines se faisaient honneur des travaux les plus humbles, les plus serviles :

« Ci gist le léal Mathurin,
» Sans reprouche bon serviteur,
» Qui céans garda pain et vin,
» Et fut des portes gouverneur.
» Paniers ou hottes, par honneur,
» Au marchié volontiers portoit ;
» Fort diligent et bon sonneur :
» Dieu pardon à l’âme lui soit !… »

Au bout de ce cloître, on voyait une tombe plate, sur laquelle étaient représentés des hommes enveloppés dans des suaires. Sur une table de bronze fixée dans la muraille, on lisait cette épitaphe :

« Ci-dessous gissent Léger du Moussel et Olivier Bourgeois, jadis clercs et escholiers, étudiants en l’Université de Paris, furent restituez et amenez au parvis de Notre-Dame, et rendus à l’évêque de Paris, comme clercs, et au recteur et aux députez de l’Université comme suppôts d’icelle à très grande solemnité, et delà en ce lieu-ci furent amenez pour être mis en sépulture, l’an 1408, le 16e jour de may, et furent